Le cocon et le papillon 

par | Mai 30, 2020 | 0 commentaires

Un jour apparut un petit trou dans un cocon. Un homme qui passait par là s’arrêta de longues heures à observer la chrysalide, devenue papillon, qui s’efforçait de sortir par ce petit trou. Au bout d’un certain temps, le papillon semblait faiblir et lui donnait l’impression qu’il allait abandonner. On dirait qu’il avait fait tout ce qu’il pouvait, et qu’il ne pouvait plus rien tenter d’autre.

Alors l’homme décida de l’aider : il prit un canif et ouvrit le cocon. Le papillon sortit aussitôt.

Le papillon sortit aussitôt, mais son corps était maigre, faible et engourdi. Ses ailes étaient peu développées et bougeaient à peine. L’homme continua de l’observer, pensant que d’un moment à l’autre, les ailes du papillon s’ouvriraient et seraient capables de supporter son corps pour qu’il puisse prendre son envol.

Il n’en fut rien !

Et le papillon passa le reste de son existence à se traîner avec son maigre corps et ses ailes rabougries.
Jamais il ne put voler.

Il y a quelque chose que l’homme, avec son geste de gentillesse et ses bonnes intentions, ne comprenait pas. C’est que la lutte que le papillon devait effectuer pour sortir de son cocon était une épreuve indispensable pour que le papillon puisse transmettre à ses ailes le fluide de son corps, de manière à pouvoir voler.

Commentaire

Ce conte métaphorique se retrouve chez plusieurs auteurs, parmi lesquels l’application de méditation Petit bambou.

Par analogie, les obstacles que la vie met sur notre chemin sont parfois ce dont nous avons besoin pour grandir. Face aux épreuves, il ne s’agit pas de fuir ou d’abandonner, mais de ressortir grandi. Nombre d’auteurs s’accordent ainsi pour dire que les difficultés à traverser sont une opportunité d’opérer un virage (Dyer 2010), d’entamer un changement (Schuller 1983), de se libérer de son égo (Tolle 2018), de croître (Clerc 2021)… Empêcher l’autre ou soi-même de se confronter aux difficultés, c’est se priver ou priver l’autre de ces opportunités.

Peut-être par paternalisme, on pense d’abord au rôle du parent vis-à-vis de ses enfants : son rôle n’est-il pas de « donner des racines et des ailes » à ses enfants ? Nous sommes parfois tentés, avec de bonnes intentions, de venir en aide aux autres pour les sortir de leurs difficultés. Mais « une aide mal inspirée peut […] se révéler nuisible, voire mortelle » (Clerc, Olivier, 2021 : La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite… et autres leçons de vie, Marabout, p. 96). En effet, l’épreuve doit être surmontée par la personne. On peut en revanche l’écouter, la soutenir, l’encourager, lui offrir nos conseils s’ils sont demandés… :

« […] Notre aide doit soutenir l’effort permettant à autrui d’accéder à ses propres ressources internes et non pas à rendre cet effort superflu, en lui substituant la facilité et la dépendance extérieure » (Clerc, Olivier, 2021 : La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite… et autres leçons de vie, Marabout, p. 100).

Mais ce conte amène aussi à réfléchir à nos propres difficultés, et ceci à tout âge : maladie-accident, chômage, mobbing, harcèlement, divorce, décès d’un proche, violences, faute grave…

Et pourtant, force est de constater que les difficultés semblent pouvoir faire grandir au même titre qu’elles peuvent détruire. Dès lors, comment transmuer les difficultés et échecs pour grandir, et non se détruire ?

Viktor Frankl, psychiatre et docteur en médecine et en philosophie, a passé 3 années dans un camp de concentration durant la Seconde guerre mondiale. Dans son ouvrage Découvrir un sens à sa vie (L’homme, 2013), il affirme « […] qu’on peut tout enlever à un homme [et une femme] excepté une chose, la dernière des libertés humaines : celle de décider de sa conduite, quelles que soient les circonstances dans lesquelles il se trouve » (2013 : 73). Selon lui, veiller à sa conduite en toute circonstance, même si parfois cela nécessite beaucoup de courage, est capital.

Dans Tough Times Never Last, but Tough People Do, Robert Schuller présente pour sa part les 12 principes pour gérer les problèmes positivement. Une attitude positive, sans jugement sur ce qui arrive, est une autre attitude essentielle à cultiver.

Et probablement que le principe fondamental pour faire d’une épreuve une opportunité de grandir, plutôt que détruire, est celui de résilience.

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