Nouvelle Terre

Références:
Tolle, Eckhart
Nouvelle Terre : prendre conscience de sa mission de vie
Ariane Editions
2018
Résumé
S’il fallait résumer cet ouvrage en une phrase, ce serait de se défaire de l’égo pour à la fois vivre l’instant présent et vivre en plénitude avec l’univers.
Les cinq premiers chapitres sont consacrés aux biais de l’ego, conduisant inéluctablement à la souffrance. Les cinq derniers chapitres à la « libération » face à cet égo nocif :
La partie essentielle de l’éveil consiste en la reconnaissance de votre « vous non éveillé », de l’ego tel qu’il pense, parle et agit, et de la reconnaissance des processus mentaux collectifs et conditionnés qui perpétuent l’état de non-éveil. (Tolle 2018 : 7-8)
L’ego, qui engendre la peur, la cupidité et la soif de pouvoir (2018 :12), est à l’origine de notre souffrance (chapitre 5). Notre propre ego, mais également celui des autres : « Ne pas réagir à l’égo des autres est une des façons les plus efficaces non seulement de dépasser l’ego chez vous, mais également de participer à la dissolution de l’ego collectif » (2018 : 62).
(1) L’ego s’incarne d’abord en apparence physique (2018 : 48-53) qui, fatalement soumise à la loi du temps qui passe et à la maladie (2018 : 50, 122), va conduire à la souffrance de se voir dépérir.
(2) Il se manifeste ensuite à travers les possessions (2018 : 35-48) : « L’absurdité de la notion de propriété, de possession, est encore plus évidente dans le cas de la terre. [Pour les autochtones d’Amérique du Nord], c’était eux qui appartenaient à la terre, pas la terre qui leur appartenait » (2018 : 44).
(3) Il s’invite enfin dans l’image négative que l’on se fait de soi-même et des autres (2018 : 72-84, chapitre 4). Ainsi, l’ego se manifeste à travers la comparaison (y compris dans la réussite : 261, 292) et la projection de nos propres problèmes sur les autres : « Plus l’ego est fort en vous, plus il est probable que vous perceviez les autres comme la principale source de vos problèmes dans la vie » (2018 : 118). Et on pourrait ajouter : « You can learn great things from your mistakes when you aren’t busy denying them» (Covey 2005).
Au final, l’ego s’impose au travers de nos pensées et de nos émotions, entièrement focalisé sur le passé et l’avenir, et jamais sur l’instant présent.
La deuxième partie vise donc à se libérer de l’ego. Ainsi, le bonheur est ici et maintenant (2018 : 114), comme le dit si bien S. Stemmer : « Le mental répète chaque jour : “Une fois que tout sera en place, je serai en paix”, tandis que le cœur chuchote : “Je suis en paix” » (2018 : 82). Alors, pourquoi ne pas être heureux ici et maintenant ? E. Tolle lie cette question à l’égo : « L’ego ne sait pas que la seule occasion d’être en paix, c’est maintenant » (2018 : 114). Le caractère impersonnel des pensées et des émotions (négatives et positives) est là aussi au cœur du non-éveil.
Pour se libérer de son corps de souffrance, il s’agit d’une part de cultiver trois émotions profondes, trois « états de l’Être » :
Les émotions générées par l’ego proviennent de l’identification du mental aux facteurs externes qui sont, bien entendu, tous instables et sujets au changement à n’importe quel moment. Les émotions profondes [joie, amour, paix] ne sont pas des émotions mais plutôt des états de l’Être en nous. (2018 : 135)
Il s’agit d’autre part de prendre conscience de trois aspects fondamentaux :
1. Le non-jugement (2018 : 195-198) : « Cela veut dire laisser l’événement être ce qu’il est sans l’étiqueter mentalement comme étant bon ou mauvais » (2018 : 198).
2. La non-résistance (2018 : 199-200) : « C’est seulement quand vous résistez à ce qui arrive que vous êtes à la merci de ce qui arrive et que le monde détermine votre bonheur ou votre malheur » (2018 : 200).
3. L’impermanence (2018 : 221-222) : « […] Deux façons d’être malheureux : ne pas avoir ce que vous voulez et avoir ce que vous voulez » (2018 : 207).
Ce qui amène au cœur de cet ouvrage très accessible et très éclairant :
La non-résistance, le non-jugement et le non-attachement sont les trois aspects fondamentaux de la liberté véritable et de l’illumination authentique. (2018 : 222)
À l’aune de ces trois aspects fondamentaux, « le malheur propre au corps de souffrance est toujours clairement disproportionné à la cause apparente » (2018 : 171). Toute situation, allant de la simple contrariété ou frustration (un client perdu, la démission d’un bon employé, l’oubli sa poubelle dans le coffre de sa voiture, casser un verre…) à la colère ou à la peur (suspicion d’une maladie grave, perte de son travail…), et l’attitude de toute personne peut être encline à nous faire quitter notre paix intérieure. Ce sont d’ailleurs de bonnes raisons de le faire, car « la façon dont vous réagissez aux gens et aux situations, surtout quand les défis sont de taille, est la meilleure façon de voir à quel point vous vous connaissez ou pas » (2018 : 188). Et force est de constater qu’on ne réagit pas toutes et tous de la même manière aux événements et aux personnes. Une voie pour apprendre à se connaître, c’est d’explorer ses blessures (Bourbeau 2000) et celles des autres.
Trop focalisés et identifiés au contenu, on en vient à oublier son Être :
[…] Votre âge, votre santé, vos relations, vos finances, votre travail, votre lieu de vie, ainsi que votre état mental et émotionnel. Les circonstances intérieures et extérieures de votre vie, votre passé et votre futur, tout cela appartient au domaine du contenu, tout comme les événements et tout ce qui se produit.
Qu’y a-t-il d’autre que le contenu ? Ce qui permet au contenu d’être, l’espace intérieur de la conscience. (2018 : 193)
Et de conclure que « si votre raison d’être profonde est d’éliminer le temps » (2018 : 263), de cultiver l’instant présent (2018 : 200-204 ; 231-254), alors vous vous libérez de votre égo et de corps de souffrance. E. Tolle propose pour cela trois modalités à mettre en action au quotidien : l’acceptation, le plaisir ou l’enthousiasme (2018 : 292-302).
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