Deux souris et un âne

par | Déc 20, 2020 | 0 commentaires

Deux petites souris dans un pot de crème

Un soir, deux petites souris, attirées par des effluves de fromage, s’introduisirent dans la cave d’une petite fromagerie, dont le soupirail était resté entrouvert.
C’était paradisiaque. Après être passées de tomme en gruyère, en passant par un moelleux vacherin,  les deux petites souris furent attirées par un alléchant pot de crème. Elles s’y hissèrent et se délectèrent en en léchant les rebords. Soudain, l’une d’entre elles glissa et tomba dans le pot. L’autre, surprise, perdit l’équilibre et se retrouva à son tour dans la crème.
Le bord du pot était trop haut et ses parois trop glissantes : impossible d’en ressortir ; elles étaient prisonnières. Elles se mirent alors à nager frénétiquement, sous peine de se noyer.
Elles se démenèrent ainsi sans fin, jusqu’à ce que l’une d’elles, voyant que c’était sans issue, épuisée, perdit espoir, cessa de nager et se laissa couler. Sa consœur, attristée et exténuée, continua pourtant à lutter. Elle nagea, nagea, nagea, et soudain, de la crème tourna en beurre. Prenant appui sur cette petite motte, la petite souris parvint à s’agripper sur le rebord et à sortir du pot. Elle était sauvée. 

Auteur inconnu

***

L’âne tombé dans un puits 

Un jour, l’âne d’un fermier tomba dans un puits. L’animal se lamenta piteusement des heures durant. Le fermier se demanda ce qu’il pouvait bien faire. Finalement, n’ayant aucun moyen de remonter le vieil animal et le puits étant de toute manière condamné à disparaître, il se résolu d’enterrer l’âne en comblant le puits.
Il invita ses voisins à lui venir en aider. Chacun vint avec une pelle et ils commencèrent à combler le puits, enterrant l’âne peu à peu. Au début, l’âne, comprenant ce qui se tramait, se mit à braire terriblement. Puis, à la surprise générale, il se tût. De nombreuses pelletées plus tard, poussé par la curiosité, le fermier regarda au fond du puits et resta stupéfait…
Pendant que les voisins du fermier jetaient de la terre sur l’animal, l’âne s’ébrouait pour enlever la terre de son dos et montait dessus. A chaque pelletée de terre qui lui tombait dessus, ce dernier se secouait et montait plus haut. Jusqu’au moment où, à la stupéfaction générale, l’âne sortit du puits et se mit à trotter… 

Auteur inconnu

Commentaires 

À laquelle des deux petites souris souhaitez-vous ressembler ? Ou peut-être êtes-vous plus inspiré par l’âne ?

Ces deux contes sont une invitation à la résilience : positivisme, courage, patience et persévérance, car rien ne dure. De manière plus subtile, c’est aussi une leçon sur la non-résistance face à des situations qui semblent sans issue.
Métaphoriquement, ces deux contes disent la même chose. Ce sont les difficultés de la vie qui nous permettent de nous élever, à condition d’agir (se secouer) : se débattre avec persévérance en lieu et place de se résigner ; « se secouer » en lieu et place de se lamenter face à l’injustice. En d’autres termes, chaque problème, ennui, épreuve, frustration, critique, échec, voire humiliation ou injustice, peut être une occasion de progresser (« chaque ennui est aussi une pierre permettant de s’élever », Stemmer 2008), à condition de rester positif et persévérant, et cela parfois même sans savoir par où le « salut » viendra. 

Nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut parfaire son expérience sans épreuve. Confucius

Quand on se trouve au fond du trou ou qu’on tente de nous y mettre, jérémiades et lamentations ne servent à rien ; on gagne à les remplacer par :

      • l’acceptation et la transcendance des problèmes plutôt que leur mise de côté : « Tout ce qui est vécu dans la non-acceptation s’accumule au niveau de l’âme. […] Ne te laisse pas jouer de tours par l’ego qui essaie souvent par tous les moyens de nous faire croire que nous avons réglé une situation » (Bourbeau 2000 : 15-16) ;
      • la prise de responsabilité (et de décisions), sans en faire une affaire personnelle, sans se blâmer et sans blâmer les autres : « Nobody is defeated until he starts blaming somebody else [Personne n’a perdu jusqu’à ce qu’il commence à blâmer quelqu’un d’autre] » (Schuller 1983 : 77) ;
      • des actions concrètes énergisant son corps et son esprit, carburants nécessaires à la résilience.

Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, n’est-ce pas de la boue que naît le lotus, qui symbolise la pureté du cœur et de l’esprit dans le bouddhisme ? Chez nombre d’auteurs (Dyer, Michie, Schuller, Tolle…), les pires expériences de vie sont parfois le déclencheur d’un « virage » vers non pas le bonheur, mais vers le sens, associé à une profonde paix intérieure :

Chaque fois qu’une perte profonde survient dans votre vie – celle de vos biens, de votre maison, d’une relation intime ; ou celle de votre réputation, de votre travail ou de vos capacités physiques –, quelque chose meurt en vous.
[…] Dans ce cas, ne niez pas et n’ignorez pas votre douleur ni votre tristesse. Acceptez leur présence. Méfiez-vous de la tendance du mental à élaborer autour de cette perte une histoire dans laquelle vous vous donnez le rôle de victime. La peur, la colère, le ressentiment ou l’apitoiement sur soi sont les émotions qui accompagnent ce rôle. Puis, prenez conscience de ce que cachent ces émotions et cette construction du mental : ce trou, cet espace vide. […] Vous aurez peut-être la surprise de constater qu’une paix en émane. (Tolle 2003 : 106-107) 

Et Don Miguel Ruiz (2005), passant de neurochirurgien à chaman après une expérience de mort imminente, en est peut-être le meilleur exemple.

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