La règle d’or

par | Jan 31, 2022 | 0 commentaires

La règle d’or, fondement de la compassion, semble être un enseignement partagé par tous les courants spirituels (judaïsme, christianisme, islamisme, bouddhisme, hindouisme, confusionnisme…). Le jaïnisme, dont la clé de voûte est la non-violence, décline cette dernière en non-violence passive ou active et en non-violence en actes, en paroles ou en pensées. La règle d’or pourrait dès lors d’exprimer sous différentes formes : 

 

Formule passive

Formule active

En actes « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse » « Faites aux autres ce que vous voudriez qu’on vous fasse »
En paroles « Ne dites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on vous dise » « Dites aux autres ce que vous voudriez qu’on vous dise »
En pensées « Ne souhaitez pas aux autres ce que vous ne vous souhaitez pas à vous-même »  « Souhaitez aux autres ce que vous vous souhaitez à vous-même »

« Mettez-vous à la place des autres. Si vous y arrivez, vous ne serez plus capable de faire du mal à autrui. » (Bouddha)

Cette règle, apparemment assez naïve, tend pourtant à conclure que le bonheur, la sérénité, la sagesse, la joie… ne s’atteignent qu’à travers sa mise au service des autres :

    • « […] L’unique devoir de l’homme : être utile aux hommes » (Sénèque 2018 : 119). Or, « quiconque s’améliore lui-même est utile aux autres par le fait même qu’il se rend capable de leur être utile à l’avenir » (Sénèque 2018 : 119).
    • « J’ai vécu bien des choses et je crois avoir trouvé maintenant ce que requiert le bonheur. Une vie tranquille et retirée à la campagne, avec la possibilité d’être utile à des gens à qui l’on peut faire du bien et qui n’ont pas l’habitude qu’on leur en fasse, un travail que l’on espère de quelque utilité et puis le repos, la nature, les livres, la musique, l’amour de son prochain. Telle est mon idée du bonheur » (Tolstoï : Le bonheur conjugal).
    • « Ta passion doit, d’une certaine façon, améliorer ou servir la vie des autres. Viktor Frankl l’a dit plus élégamment que je ne pourrai jamais le faire : “Le succès, comme le bonheur, ne peut pas être poursuivi. Il doit se manifester. Et il ne se manifeste que comme un effet secondaire du dévouement à une cause plus grande que soi” » (Sharma 2009 : 85).
    • « Une vie réussie est une vie que l’on a menée conformément à ses souhaits, en agissant toujours en accord avec ses valeurs, en donnant le meilleur de soi-même dans ce que l’on fait, en restant en harmonie avec qui l’on est, et, si possible, une vie qui nous a donné l’occasion de nous dépasser, de nous consacrer à autre chose qu’à nous-mêmes et d’apporter quelque chose à l’humanité, même très humblement, même si c’est infime. Une petite plume d’oiseau confiée au vent. Un sourire pour les autres » (Gounelle 2008 : 136).

On pourrait toutefois relativiser cette règle. À la suite de Kant, on peut en effet se demander si autrui désire toujours qu’on lui fasse ce que l’on voudrait qu’on se fasse à soi-même ?

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