Matin brun

par | Juil 22, 2022 | 0 commentaires

Références:

Pavloff, Franck

Matin brun

Cheyne éditeur

2002

Résumé

Dans ce très bref roman métaphorique, Franck Pavloff fait se rencontrer un narrateur et son ami, Charlie, dont on apprend qu’il a dû faire piquer son chien, car ce dernier n’était pas brun. On apprend alors qu’un mois auparavant, il en avait été de même des chats, un décret ayant condamné tous les chats non bruns en vue d’endiguer leur surpopulation.
Il en ira de même du Quotidien de la ville, qui dénonçait ces mesures et qui se fit interdire, laissant le monopole aux Nouvelles brunes. Puis, se sera le tour des livres ne respectant pas les règles.
Cette cascade d’interdictions et d’éradications semble possible par une forme de résignation passive, soutenue par une méfiance généralisée et une peur sourde de représailles, les deux personnages croyant ainsi passer entre les gouttes : « Au moins, on était bien vus et on était tranquilles » (2002 : 6). Le respect des règles produit même un curieux sentiment de sécurité : les deux comparses entrent dans le moule, commandant des pastis bruns, reprennant un chat et un chien, mais bruns…
Mais alors qu’au prix de ces concessions, ils se croyaient à l’abri, Charlie est arrêté pour avoir été le propriétaire, « avant », d’un chien noir. Et le couperet tombe : « […] On aurait dû dire non. Résister davantage, mais comment ? » (2002 : 11).

Ce roman métaphorique dénonce les dérives totalitaires (historiquement, avant les SS, les chemises brunes étaient la milice du parti nazi) et les ressorts manipulateurs qui s’immiscent sournoisement, par petits pas : arguments infondés sous couvert scientifique ; censures ; méfiance généralisée ; sentiment de sécurité renforcé si on se conforme aux règles…
Par ricochet, il est un hymne à la tolérance – « Nous sommes tous à la fois différents et semblables, ce qui fait l’unité et la diversité de l’humanité », E. Morin –, qui n’est pas sans rappeler l’expérience tant de fois répétée par Jane Elliott, institutrice. Au lendemain de l’assassinat de Martin Luther King, répondant à la question de l’un de ses élèves souhaitant comprendre le pourquoi de cet assassinat, Jane Elliott leur proposera de vivre l’expérience de la discrimination. Elle désignera arbitrairement les enfants aux yeux bleus comme étant le groupe supérieur, et les enfants aux yeux bruns comme étant le groupe inférieur. Elle donnera alors aux enfants aux yeux bleus nombre de privilèges et divisera les deux groupes par des règles discriminatoires. En très peu de temps (l’expérience se déroulait sur une à deux semaines), les enfants aux yeux bleus seraient devenus arrogants et autoritaires. Au contraire, les élèves aux yeux bruns seraient devenus timides et soumis, et auraient eu de moins bons résultats aux tests (effet pygmalion ?).
Martin Luther King aurait dit : « Ce qui compte, chez un homme, ce n’est pas la couleur de sa peau ou la texture de sa chevelure, mais la texture et la qualité de son âme ». Ernesto Guevara, le Che, révolutionnaire marxiste-léniniste, aurait quant à lui affirmé : « Ayons toujours une grande dose d’humilité, une grande dose de goût de la justice et de la vérité pour ne pas tomber dans des dogmes extrémistes et dans l’aliénation des masses »…

 

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Partager