Les singes de la sagesse
Il existe un symbole d’origine asiatique formé de trois petits singes (sanzaru) :
– Le premier se couvre les yeux (Mizaru, l’aveugle) ;
– Le second se couvre la bouche (Iwazaru, le muet) ;
– Et le troisième se couvre les oreilles (Kikazaru, le sourd) ;
Ensemble, ils forment une maxime : ne pas regarder le mal, ne pas écouter le mal et ne pas dire le mal.
Texte librement inspiré
Commentaire
Ce triptyque, dont les origines pourraient remonter à Confucius, se retrouve dans la mythologie chinoise, en référence à un singe compagnon du pèlerin Xuanzang, singe qui l’aurait aidé à trouver les livres saints du bouddhisme. Il est ainsi connu, dans le bouddhisme, pour représenter les trois vérités de la sagesse : ne regarde pas ce qu’il ne faut pas voir ; n’exprime pas ce qu’il ne faut pas dire ; n’écoute pas ce qu’il ne faut pas entendre. La légende raconte enfin que la seule exception matérialiste que fit Gandhi durant sa vie fut de garder sur lui une petite amulette de ces trois singes…
Ces symboliques sont multiples… Ce triptyque s’apparente d’abord à une forme d’hygiène de vie, qui inviterait à faire preuve d’intégrité, à « ne pas dire du mal d’un absent », à suivre la règle d’or ou encore à respecter les trois tamis. Plus largement, il s’agirait de réfléchir avant de parler, ne pas boire les paroles des autres (écouter de manière critique) et enfin ne pas croire tout ce que les yeux voient.
De manière sous-jacente, il suggère ensuite que si l’on regarde, exprime ou écoute du mal, une partie de celui-ci s’imprime en soi. C’est par exemple ce que pointe Laurent Gounelle dans Le philosophe qui n’était pas sage à travers la métaphore du téléjournal, le « Jungle Time » : à forcer de regarder les mauvaises nouvelles à la télévision, cela créerait du négatif dans l’esprit du téléspectateur, en imprimant une vision négative et anxiogène du monde…
Cette symbolique des trois singes peut enfin représenter l’éveil par la sagesse intérieure. En la prenant à la lettre, cette symbolique pourrait être comprise comme une invitation à ne rien posséder ni désirer, en se coupant de ses sens, pour cultiver son être intérieur, pour laisser place à la vacuité. S’agirait-il de fermer les yeux sur le mal et ainsi le cautionner ? Une autre formule, plus subtile, serait : tout voir mais ne rien regarder, tout entendre mais ne rien écouter, penser mais se taire. Autrement dit, être conscient de ce qui se passe autour de soi, mais choisir de ne pas se laisser atteindre : et atteindre l’équanimité…
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