Le visiteur

par | Jan 5, 2024 | 0 commentaires

« Un jour que je visitais la maison d’un maître zen, je fus étonné de ne découvrir qu’une simple pièce, uniquement meublée d’un lit et d’une lampe.

– Maître, où est votre ameublement ? demandais-je.
– Où est le tiens ? répondit-il.
– Le mien ? Mais je ne suis qu’un simple visiteur ici !
– Moi aussi ! »

(Stemmer 2018 : 175)

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D’Épicure à Pierre Rabhi, de Bouddha à Jésus, la question de la richesse, de l’argent et des biens matériels a traversé les âges. Les antagonismes entre le partage et l’avarice (voir le conte du doigt), entre les besoins nécessaires et le superflu, entre l’accumulation et le dépouillement ne seront probablement jamais définitivement résolus. Et ces antagonismes pourraient encore s’élargir aux questions de notoriété (son réseau social et ses réseaux sociaux…), d’exposition de ses richesses ou de ses savoirs, de statut social, qui s’opposeraient à la modestie, à l’humilité, à la simplicité (dans tous les sens du terme)…
La voie du milieu, le juste équilibre, est probablement le chemin le plus raisonnable, mais encore faut-il savoir où se situe la limite entre ce qui relèverait des besoins nécessaires ou des plaisirs raisonnables et ce qui relèverait du superflu. Cette limite est vraisemblablement individuelle, et seules les réponses à quelques questions pourraient aider individuellement à y répondre :

– L’acquisition de ces richesses (argent, biens matériels, notoriété…) a-t-elle un impact négatif sur ma santé ?
– L’acquisition de ces richesses a-t-elle un impact négatif sur les autres (appauvrissement, humiliation, souffrances…) ou sur l’environnement (pollution, exploitation des ressources naturelles, etc.) ?
– L’acquisition de ces richesses a-t-elle un impact sur ma tranquillité de l’âme (Sénèque) : insatisfaction car plus je possède, plus je désire (course effrénée après l’argent ou le pouvoir) ;?
– Finalement, ces richesses (argent, biens matériels, notoriété…) ont-t-elles un impact négatif sur ma sérénité, par…

• Des peurs de perdre ou qu’on me vole ce que j’ai (attachement et résistance) ?
• De la culpabilité ?
• Un sentiment de ne pas être aligné avec mes valeurs ?
• Un sentiment de manquer de temps pour moi, pour ma famille, pour mes amis, pour les autres…) ?

Ce conte s’apparenterait ainsi à un hymne à l’acceptation de l’impermanence, une prise de conscience que nous ne sommes que de passage, et que le plus important ne serait pas ce que nous posséderions (en termes d’argent, de biens matériels ou de notoriété), mais ce que nous laisserions derrière nous (voir La mort est un nouveau soleil, de E. Kübler-Ross).

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