Un grillon dans la ville

par | Août 28, 2021 | 0 commentaires

Un jour, un ethnologue reçut un de ses vieux amis indiens dans sa métropole. Tout en discutant, ils flânaient sur les trottoirs bondés, enrobés par le bruit coutumier des grandes villes à l’heure de pointe : foule animée, vrombissement des voitures, klaxons, sirènes au loin…
Soudain, l’Indien s’arrêta au coin d’une rue et tendit l’oreille. Son ami l’interrogea :
– « Qu’y a-t-il ? »
– « N’entends-tu pas le grillon ? », lui répondit l’Indien.
Son ami s’exclama :
– « Un grillon ? Comment veux-tu entendre un grillon dans ce vacarme ? Qui plus est, il n’y a pas de grillon en ville. »
– « Suis-moi », répliqua l’Indien.
Il se dirigea à l’angle d’un mur. Dans une fente de béton poussaient péniblement quelques touffes d’herbe. Il se pencha, écarta une touffe et dévoila un grillon.
– « Incroyable », répondit son ami estomaqué. « Une ouïe si fine, c’est un don. »
– « Je ne crois pas », répondit l’Indien. « Chacun entend ce qui l’habite. »
Il sortit une pièce de monnaie de sa poche et la laissa tomber sur le trottoir. Et dans le tintamarre citadin, les passants se retournèrent pour voir d’où venait ce bruit…

Auteur inconnu

Commentaires

Tout dépend de ce à quoi notre oreille est attentive… Cette histoire illustre un principe fondamental : le cerveau reçoit une telle quantité d’informations au travers des sens qu’il opère constamment un tri colossal entre celles qu’il écarte et celles qu’il traite. Or, ce tri se fait à partir de l’univers que la personne s’est créée au fil des années : « Nos croyances vont nous amener à filtrer la réalité, c’est-à-dire à filtrer ce que l’on voit, entend et ressent » (Gounelle 2008 : 51).
De plus, l’univers se nourrit lui-même, par ce à quoi on attache de l’importance et ce à quoi on est attentif : « notre » univers va déterminer les tris opérés, qui vont eux-mêmes renforcer « notre » univers. Voici quelques exemples :

– Si dans « notre » univers, l’argent est important, alors on entendra la pièce tomber ; si dans « notre » univers, la vie est importante, alors on entendra le grillon.
– Si dans « notre » univers, le travail est important, alors on se pressera d’arriver au prochain rendez-vous (et on percevra l’univers comme stressant) ; si dans « notre » univers, la santé est importante, alors on percevra la tension en train de naître dans le dos, due au stress du prochain rendez-vous (et concomitamment à une mauvaise respiration).
– Si dans « notre » univers, la réussite est importante, alors on mettra en priorité notre promotion professionnelle, quitte à sacrifier celle des autres (et on percevra le monde autour de nous comme un véritable panier de crabes) ; si dans « notre » univers, l’autre est important, alors on consacrera du temps à le soutenir dans son évolution professionnelle (Sinek 2019).

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Partager