La peste et le pèlerin

par | Oct 4, 2021 | 0 commentaires

« Un pèlerin, un beau matin, quitta la maison de ses pères et s’en fut pour Jérusalem. Comme il allait sa route droite, il vit venir sur son cheval une femme vêtue de blanc.
– Salut, Mme. Qui es-tu ?
Elle répondit :
– Je suis la Peste.
– Et où vas-tu ?
– Dans ton village. J’y ferai quatre-vingt-dix morts.
– Quatre-vingt-dix morts ? gémit l’autre. Oh, dame Peste, c’est beaucoup !
– Pas un de plus, je te le jure.
– Chacun s’en fut son chemin. Après une année de voyage, le pèlerin revint chez lui. Il ne trouva dans son village que tombes moussues, herbes folles, portes battantes et toits crevés. Il aperçut Madame Peste derrière un arbre sans oiseaux.
– Tu avais dit moins de cent vies, tueuse, gronda-t-il, et tu en as pris quatre mille !
– Certes non, répondit la dame. J’ai pris quatre-vingt-dix vivants, pas un de plus, comme promis. Tous les autres sont morts de peur ».

(Gougaud 2013 : 80)

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Ce conte, extrait des Petits contes de sagesse pour temps turbulents, souligne de manière allégorique comment la plupart des peurs peuvent faire renoncer, immobiliser, voire tuer : « […] Le plus grand obstacle dans l’existence, celui qui nous bloque et nous piège, c’est la peur » (Spencer 2020 : 95-96). À noter que cet effet de la peur a été démontré scientifiquement à travers l’effet nocebo.

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