Le vagabond et le jardinier

par | Jan 11, 2022 | 0 commentaires

« Un vagabond, sur son chemin, rencontre un vieillard occupé à planter devant sa maison quelques rejetons d’olivier. Il lui dit, rieur :
– Hé, bonhomme, crois-tu vivre assez vieux pour voir ces pousses-là te faire un jour de l’ombre ?
– Je fais, lui répond l’autre, mon travail de toujours, comme si j’avais devant moi une éternité d’oliviers.
– Et moi, lui dit l’errant, je vis le jour présent comme s’il était le dernier.
Tous deux rient, se serrent la main, l’un se remet à son ouvrage et l’autre poursuit son chemin. Qui de ces hommes est le plus sage ? La réponse est vieille. Voici : ils ont parlé vrai tous les deux. Que sait-on du temps qui nous reste ? Une heure, un mois, dix ou cent ans ? Agir comme si l’on avait des jours infinis devant soi et pourtant être prêt à partir sans bagage, à l’instant même, où Dieu voudra. Tel est l’art de vivre tranquille selon Mi Yang, moine chinois ».

(Gougaud 2013 : 178-179)

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Ce bref conte, hymne à l’instant présent, dénoue l’apparente contradiction entre vivre l’instant présent et l’inconscience (ne pas se soucier du futur), voire le fatalisme :

– Vivre l’instant présent en pleine conscience ne veut pas dire ne pas tirer des leçons de son passé (sans qu’il devienne un puit de regrets et de remords ; sans en être prisonnier : le passé est est une leçon, non un verdict).
– Vivre l’instant présent en pleine conscience ne veut pas dire ne pas être l’architecte de son futur (sans qu’il devienne source d’inquiétudes ou qu’il nous berce d’illusions).
– Vivre l’instant présent en pleine conscience veut dire : vivre chaque jour comme si c’était le dernier, car alors « ta vie revêt une dimension magique » (Sharma 2009 : 187).
– Vivre l’instant présent en pleine conscience, c’est avoir compris que le bonheur, c’est la voie du juste milieu dans l’acceptation du ici et maintenant.

« […] Le passé ne revient jamais et […] l’avenir est un soleil éloigné qui pointe à l’horizon de notre imagination. Le moment le plus important, c’est le présent » (Sharma 2009 : 257). Mais vivre l’instant présent ne signifie pas ne pas avoir un ikigai, bien au contraire, car il est le carburant de la vie.

Wayne-W. Dyer, dans Vos zones erronées, observe, dans le même sens, que tout le paradoxe de la vie, ce serait de vivre à la fois comme si on était éternel et comme si c’était le dernier jour. Il pointe à ce propos deux sentiments dont il faudrait se défaire :

– Le sentiment de culpabilité (passé) : « Si vous tirez simplement des leçons du passé dans le but de ne pas retomber dans tel ou tel comportement déterminé, il n’y a pas de culpabilisation. […] Tirer la leçon des erreurs que l’on a commises est sain, c’est une indispensable condition de notre épanouissement. Le sentiment de culpabilité, en revanche, est malsain parce que l’on gaspille son énergie dans le moment présent à cause d’un évènement passé qui nous ronge et nous démoralise. Et ce n’est pas seulement malsain : c’est inutile » (Dyer 2014 : 142-143).

– Le sentiment d’inquiétude (futur) : « Il ne faut pas confondre le fait de se faire du souci pour l’avenir et le fait de faire des projets d’avenir. Faire des projets, c’est préparer un avenir plus efficace, ce n’est pas s’inquiéter du lendemain. » (Dyer 2014 : 163). 

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