Du sel dans un verre d’eau

par | Déc 30, 2022 | 0 commentaires

Un vieux maître était confronté à un jeune disciple se plaignant sans cesse et rageant contre les aléas et autres impondérables de la vie.
Un jour, le maître, désemparé par ce manque de profondeur, décida de l’éveiller autrement. Il lui ordonna d’aller chercher un sac de sel. A son retour, le maître lui demanda de verser une poignée de sel dans un verre d’eau et de le boire. Le maître le questionna alors :
– Quel est son goût ?
Le disciple, faisant une moue de dégoût, répondit :
– L’eau est affreusement amère !
« Très bien », dit le maître, et l’invita à se rendre au bord du lac. Arrivés sur la berge, il lui demanda de jeter une autre poignée de sel dans le lac et de se servir un nouveau verre d’eau. Le disciple s’agenouilla au bord du lac, remplit un verre et goûta ainsi l’eau du lac. Le maître lui demanda alors :
– Quel est son goût cette fois ?
Le disciple répondit, enthousiaste :
– Elle est délicieusement fraîche !
Le vieux sage conclut, en souriant :
– Les souffrances de la vie sont comme le sel : la quantité de souffrance comme la quantité de sel reste la même. Mais l’amertume que l’on ressent dépend du récipient à partir duquel nous appréhendons notre souffrance. Lors de ta prochaine contrariété, essaie d’être un lac plutôt qu’un verre d’eau. 

Auteur anonyme

Commentaires

Ce conte sur la résilience invite, face aux contingences, contrariétés et souffrances prodiguées par la vie, d’élargir son horizon, de prendre du recul (de la distance), de lâcher du lest, de prendre de la hauteur. Cela peut être :

– en relativisant l’importance d’une épreuve à laquelle on est confronté (par exemple, quel sera son réel impact dans une année ?) ;
– en faisant preuve de patience face à une douleur (par exemple, bien des douleurs passent aussi vites qu’elles ne sont apparues) ;
– en considérant la souffrance comme une opportunité de changer de regard, d’élargir son horizon et de prendre l’événement douloureux comme une opportunité de prise de conscience, une étincelle invitant au changement (par exemple, la perte de son emploi peut être une opportunité de changer de voie) ;
– en augmentant sa propre profondeur, sa dimension spirituelle, qui permet d’accueillir les événements (par exemple, en opérant un virage, comme le suggère Wayne-W. Dyer, ou plus prosaïquement, en recourant à la méditation).

Dans Changer d’altitude, Bertrand Piccard propose par exemple l’hypnose comme moyen d’augmenter son récipient :

« Vous souvenez-vous de cette formule de thermodynamique apprise autrefois à l’école : PV = rT ? Dans un gaz dont la température (T) demeure constante, la pression (P) diminue si le volume (V) augmente.
Remplacez maintenant la température par la cause d’une souffrance – que ce soit un deuil, une douleur ou n’importe quoi d’autre –, la pression par le stress ou la souffrance ressentis et le volume par la conscience de votre corps. Si vous augmentez votre conscience, la sensation de stress liée à l’agression va diminuer. » (Piccard 2014 : 166).

In fine, en élargissant son contenant, on développe sa résilience.  

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