L’histoire du pronom indéfini
Il était une fois quatre individus qu’on appelait
Tout le monde – Quelqu’un – Chacun – et Personne.
Il y avait un important travail à faire,
Et on a demandé à Tout le monde de le faire.
Tout le monde était persuadé que Quelqu’un le ferait.
Chacun pouvait l’avoir fait, mais en réalité Personne ne le fit.
Quelqu’un se fâcha car c’était le travail de Tout le monde !
Tout le monde pensa que Chacun pouvait le faire
Et Personne ne doutait que Quelqu’un le ferait…
En fin de compte, Tout le monde fit des reproches à Chacun
Parce que Personne n’avait fait ce que Quelqu’un aurait pu faire.
Moralité :
Sans vouloir le reprocher à Tout le monde,
Il serait bon que Chacun
Fasse ce qu’il doit sans nourrir l’espoir
Que Quelqu’un le fera à sa place…
Car l’expérience montre que
Là où on attend Quelqu’un,
Généralement on ne trouve Personne.
Auteur anonyme
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L’un des biais fréquents de la délégation est le manque de clarté quant à la personne responsable d’une tâche, trop souvent assorti par une non-délégation du pouvoir de décision quant à sa réalisation, voire avec des instructions du comment atteindre l’objectif posé.
Ces carences à toute délégation ont pour conséquent première de tuer toute initiative et toute proactivité, faisant écho à ces mots de Maurice Bellet :
« On trouve des gens qui disent ce qu’il faut faire, ce qu’il faudrait faire, ce qu’il aurait fallu faire, ce qu’il ne fait pas faire. C’est, souvent ou quelques fois, très bien vu. Et il y a des gens qui font. Ce n’est pas toujours très bien fait. Mais du moins, c’est fait » (Bellet 2010 : 96)
Plus largement, en résonnance à la proactivité, on peut évoquer la victimisation. Dans Plus jamais victime, Pierre Pradervand évoque cette histoire et cite les paroles d’Edmund Burke : « Nul ne commit de plus grande erreur que celui qui ne fit rien, en prétextant qu’il ne pouvait faire qu’un petit peu » (2021 : 107). Évoquant la posture de victime face à l’inertie des systèmes (bureaucratique, économique, juridique, sanitaire…), l’auteur affirme que « trop de personnes imaginent que leur contribution ne changera pas grand-chose à l’évolution du monde » (2021 : 111), rappelant par là-même la légende du colibri.
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