Gandhi face au sucre

par | Déc 10, 2023 | 0 commentaires

« Une mère conduisit son jeune fils chez le Mahatma Gandhi. Elle le supplia : “Je vous en prie, Mahatma, dites à mon fils de ne plus manger de sucre.”
Gandhi réfléchit, puis déclara : “Ramenez votre fils dans quinze jours.” Surprise, la femme le remercia et promit de faire ce qu’il lui avait demandé.
Quinze jours plus tard, elle revint avec son fils. Gandhi regarda le jeune garçon dans les yeux et dit : “Arrête de manger du sucre.”
Reconnaissante, mais étonnée, la femme le questionna : “Pourquoi m’avez-vous demandé de le ramener après deux semaines ? Vous auriez pu lui dire la même chose la première fois.”
Gandhi répondit : “Il y a quinze jours, je mangeais du sucre.” »

(Millman 1998 : 216)

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Cette histoire est contée dans Le guerrier Pacifique de Dan Millman, où l’un des protagonistes, surnommé Socrate, résume l’histoire en ces termes : « Incarne ce que tu enseignes, Dan, et n’enseigne que ce que tu incarnes » (Millman 1998 : 216).

Dans l’Évangile selon Matthieu, le chapitre XXIII débute par ces quelques versets : « Alors Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : “ Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. ” » (La Bible, chapitre XXIII, versets 1 à 4).

Ces quatre versets ont inspiré l’expression « Fais ce que je dis, mais pas ce que je fais », devenue depuis une formule bien connue. Dans Le guerrier Pacifique, Socrate invite à non seulement avoir un comportement conforme à ses propres conseils, mais plus encore, à donner l’exemple, à conseiller par l’action plutôt que par le verbe. Il s’oppose ainsi à celles et ceux qui ne suivent pas les conseils qu’ils donnent mais qui les font peser sur les épaules d’autrui.

Or, cette histoire ouvre les portes à au moins deux autres axes de réflexion. Avec d’autres notions voisines, comme la congruence, la cohérence et l’intégrité, l’exemplarité constitue l’un des piliers du leadership : les actes doivent correspondre aux discours et les discours aux actes. L’exemplarité participe par ce biais à créer une relation saine, fondée sur une confiance réciproque :

« Ne cherchez pas des gens qui vous donnent des conseils… regardez plutôt ceux qui vous donnent des exemples… », Sacha Guitry

Un autre axe de réflexion est la saine distance qu’il s’agit de mettre à l’égard, non pas uniquement de celles et ceux qui qui ne suivent pas les conseils qu’ils dispensent à autrui, mais de celles et ceux, et ils sont nombreux, qui prodiguent des conseils sans savoir :

« Tous les hommes se croient assez habiles pour donner des conseils, et assez sages pour n’en avoir pas besoin », Joseph Sanial Dubay

Souvent gouvernés par des peurs inconscientes, collègues, amis, parents ou encore professeurs distillent des conseils en toute sincérité, mais sans en avoir fait eux-mêmes l’expérience.
C’est ce que Spencer Johnson dénonce dans Le courage de l’alpiniste, alors que son personnage, ayant une vie routinière qui « procurait un confort rassurant » (Spencer 2020 : 15), mais si ennuyeuse qu’elle le rendait malheureux, souhaitait partir à l’aventure, sortir de sa zone de confort : « Tous tentèrent de le dissuader de s’aventurer là où chacun d’eux ne s’était jamais risqué » (Spencer 2020 : 17). On touche ici à la question de la peur, qui trop souvent n’empêche pas de mourir, mais empêche de vivre. C’est donc aussi un plaidoyer à sortir des sentiers battus, à sortir de sa zone de confort, à oser, à explorer, à s’aventurer… 

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