Les trois tamis

Un jour, un homme accourut auprès de Socrate et lui dit :
– Écoute, Socrate, il faut que je te raconte comment un de tes amis s’est conduit.
– S’il te plaît, calme-toi avant de parler, interrompit Socrate. As-tu passé ce que tu as à me dire au travers des trois tamis ?
– Quels tamis ? répondit l’homme, empli d’étonnement.
– Oui, avant de parler, il faut passer ce qu’on veut dire au travers des trois tamis. Le premier est celui de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu as à me dire est vrai ?
– Non ; mais je l’ai entendu raconter, et…
– Bien, bien. Mais alors, peut-être l’as-tu fait passer au travers du deuxième tamis, celui de la bonté. Ce que tu désires me raconter, si ce n’est pas tout à fait vrai, est-ce au moins quelque chose de bon, ou qui va faire du bien ?
Hésitant, l’homme répondit :
– Non, ce n’est pas quelque chose de bon, au contraire… répondit l’homme embarrassé.
– Hum ! dit le philosophe, essayons de nous servir du troisième tamis, et voyons s’il est utile de me raconter ce que tu as à me dire…
– Utile ? Pas précisément… répondit l’homme en secouant la tête.
– Eh bien, dit Socrate en souriant, si ce que tu as à me dire n’est ni vrai, ni bon, ni utile, alors pourquoi me le dire ? Et quant à toi, je te conseille de l’oublier…

(auteur anonyme) 

Commentaires

Cet apologue, faussement attribué au philosophe athénien Socrate, invite à être vigilant et à maîtriser ses paroles : « [Nos paroles] peuvent produire des dégâts et de miracles. Une seule parole peut anéantir une vie, comme lui redonner sens » (Lenoir 2012 : 114), ce qui n’est pas sans rappeler ces petits gestes à l’impact considérable…
Les 3 tamis de la vérité, de la bonté et de l’utilité sont ainsi un outil puissant pour éviter de mentir, juger, critiquer, colporter des rumeurs et des médisances, dévaloriser… Et pour y parvenir, le mieux est de laisser un espace entre sa pensée et ses paroles, lieu de sa propre liberté.