Les 4 accords toltèques

par | Mai 31, 2020 | 0 commentaires

Références:

Ruiz, Don Miguel

Les quatre accords toltèques : la voie de la liberté personnelle

Poches Jouvence

2005

Résumé

Don Miguel Ruiz, né au Mexique d’une famille de guérisseurs, devient neurochirurgien, avant qu’une expérience de mort imminente ne le transforme. Il se forme alors au chamanisme et se donne pour mission de transmettre cette sagesse au plus grand nombre.

L’auteur part du constat que « ce que vous voyez et entendez en ce moment précis n’est qu’un rêve. Vous rêvez à l’instant même, le cerveau réveillé » (2005 : 19), ce qui n’est pas sans rappeler la trame générale du film Matrix. Évoquant le concept de « processus de domestication », à savoir le formatage dans un système de croyance, l’auteur observe que depuis la naissance, on est ainsi conditionné à voir et juger selon certaines normes :

« Enfant, on nous apprend d’abord le nom des choses : maman, papa, lait, bouteille. Jour après jour, à la maison, à l’école, à l’église et par la télévision, on nous dit comment vivre, quels sont les comportements acceptables. Le rêve de la planète nous enseigne comment être des humains. Nous avons un concept de ce qu’est la femme et un de ce qu’est l’homme. Et nous apprenons aussi à juger : nous nous jugeons nous-mêmes, nous jugeons les autres, les voisins. » (2005 : 22)

Et tout ceci devient une mascarade, où l’on apprend à jouer un rôle, fondé sur la punition et la récompense, et plus particulièrement sur la peur (Ruiz 2004), qui in fine produit du poison émotionnel :

« Aux quatre coins de la planète on voit de la souffrance humaine, de la colère, un esprit de revanche, des toxicomanies, de la violence dans la rue et une incroyable injustice.
[…] Chaque fois que l’on ressent de la colère, de la jalousie, de l’envie, ou de la haine, on sent un feu qui brûle en soi. On vit dans un rêve d’enfer. » (2005 : 27)

Au terme de son premier chapitre, l’auteur fait un lien entre regard des autres, peur, normes à suivre, qui empêcheraient d’être soi-même et créeraient de la souffrance. Les quatre accords toltèques visent à sortir de ce rêve éveillé.

1. Que votre parole soit impeccable
Cet accord est selon l’auteur le plus important et le plus difficile à honorer. Le langage est une lame à double tranchant ; elle peut servir à faire le bien comme le mal. Dans le deuxième cas de figure, « on l’utilise pour médire, pour critiquer, pour culpabiliser, pour détruire » (2005 : 42). Et cet usage, contrairement à ce que l’on pourrait penser, se retourne finalement contre soi-même : « Si je vous aperçois dans la rue et que je vous traite d’imbécile, il semble que je me serve de la parole contre vous. Mais en réalité je l’utilise contre moi, car vous allez me détester et votre haine ne me fera aucun bien. Donc, si je me mets en colère et que je vous envoie mon poison émotionnel par la parole, je l’utilise contre moi-même » (2005 : 41).
La médisance est selon l’auteur l’une des principales formes de communication violente, car elle s’alimente d’elle-même : pour se sentir proche les uns les autres, par faiblesse, par mimétisme ou par cécité (prisme déformant de la réalité que la médisance façonne), on alimente la médisance exprimée par d’autres.
En conséquence, pour avoir une parole impeccable, il faudrait :

– Avoir des paroles positives, sans juger, ni positivement, ni négativement ;
– Ne pas médire, blesser volontairement, injurier, critiquer autrui ou soi-même ;
– Ne pas chercher des alliances dans la médisance ;
– Parler avec intégrité ;
– Parler peu, mais bien ;
– Défendre les absents, ou cas échéant se taire ;
– Dire ce que l’on pense et faire ce que l’on dit.

2. Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle
Proche du principe d’accueil et de non-jugement, ce deuxième accord toltèque pointe un fonctionnement très fréquent : « Lorsque vous faites une affaire personnelle de ce qui arrive, vous vous sentez offensé et votre réaction consiste à défendre vos croyances, ce qui provoque des conflits » (2005 : 55). Mais plus encore, « quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle, parce qu’en prenant les choses personnellement vous vous programmez à souffrir pour rien. […] Lorsqu’on voit vraiment comment sont les gens, sans jamais réagir de façon personnelle, rien de ce qu’ils peuvent dire ou faire ne peut nous blesser. Même si l’on vous ment, cela ne fait rien » (2005 : 59-60).
Cela est vrai du compliment comme de l’insulte, autant de projections que les autres se font à partir de leur propre système de croyances : « Même lorsqu’une situation paraît très personnelle, même lorsque vous vous faites insulter, cela n’a rien à voir avec vous. Ce que les gens disent, ce qu’ils font et le opinions qu’ils émettent dépendent seulement des accords qu’ils ont conclus dans leur propre esprit » (2005 : 54).
Eckhart Tolle, dans Nouvelle terre (2018), explicite la relation entre ce deuxième accord et l’ego : « Lorsque vous le [ego] reconnaissez pour ce qu’il est, vous ne le prenez plus pour l’identité d’une autre personne. Une fois que vous le voyez pour ce qu’il est, il est plus facile de ne pas y réagir. Vous ne prenez plus les choses personnellement. Il n’y a plus de récrimination, reproches, accusations, tort. Personne n’a tort. C’est l’égo. C’est tout. La compassion naît quand vous reconnaissez que tout le monde souffre de la même maladie mentale, certains davantage que d’autres » (2018 : 76).
En conséquence, pour ne pas en faire une affaire personnelle, il faudrait :

– Accepter les personnes sans jugement, car leurs actes sont le reflet de leur réalité, de leurs peurs, de leurs frustrations, de leurs colères… ;
– Éviter tout jugement sur les événements, qu’ils soient positifs ou négatifs ;
– Accueillir les critiques, les médisances et les insultes, car elles appartiennent aux autres ;
– Exprimer ses désirs : oser dire oui ou non, sans culpabilité ;
– Cultiver un amour inconditionnel.

3. Ne faites pas de suppositions
Cet accord est en lien avec les deux précédents : « Nous faisons des suppositions sur ce que les autres font ou pensent, forts de quoi nous en faisons une affaire personnelle […]. Ensuite nous médisons sur la base de ces suppositions » (2005 : 65). Pour éviter les suppositions, il faut poser des questions, et être capable d’en écouter les réponses.
Plus fondamentalement, cet accord pointe un fonctionnement au cœur de l’esprit humain, celui de voir le monde à travers un prisme de croyances, préjugés, savoirs, convictions, opinions personnelles, préconstruits, qui rendent aveugle à la réalité :

« Nous supposons que tout le monde voit la vie comme nous la voyons. Nous supposons que les autres pensent comme nous pensons, qu’ils ressentent les choses comme nous les ressentons, qu’ils jugent comme nous jugeons. Voilà la supposition la plus importante que font les humains. » (2005 : 68-69)

En conséquence, pour ne pas faire de suppositions, il faudrait :

– Poser des questions ;
Écouter intensément ;
– Ne pas faire d’hypothèses, auxquelles on finit par les croire ;
– Se défaire de son prisme de croyances et de préjugés : la réalité n’existe pas.

4. Faites toujours de votre mieux
Le quatrième accord concerne l’application des trois autres. L’auteur, attaché à l’humain, a bien conscience du caractère changeant des situations et donc de la mise en œuvre jamais parfaite, irrémédiablement humaine, des accords : « Votre mieux variera selon que vous êtes en pleine forme et heureux, ou irrité, en colère, ou encore jaloux » (2005 : 75). Il s’agit donc de ne pas culpabiliser de ses propres limites et imperfections (de ne pas courir après la perfection), tout en faisant de son mieux pour mettre en œuvre les trois premiers accords :

« En faisant de votre mieux, l’habitude de mal utiliser votre parole, celle de faire une affaire personnelle de tout ce qui vous arrive et celle de faire des suppositions vont s’affaiblir et se manifester de moins en moins souvent. Vous n’avez pas à vous juger, à vous sentir coupable ou à vous punir, si vous n’arrivez pas à respecter ces quatre accords toltèques. » (2005 : 82)

En filigrane, on retrouve là encore une référence aux préceptes bouddhiques, parmi lesquels celui de vivre l’instant présent :

« […] On agit sans rechercher le fruit des actions [vacuité, ndlr], on prend les choses, les situations, les êtres, un à un, pour ce qu’ils sont à l’instant présent. S’il y a des souffrances à endurer, on les endure, s’il y a des plaisirs à vivre, on les vit. S’il faut faire la vaisselle, on fait la vaisselle. S’il faut déboucher l’évier, on débouche l’évier. » (Lama Darjeeling Rinpoché 2014 : métaphysique informationnelle)

En effet, Don Miguel Ruiz encourage l’action, mais sans en attendre une « récompense » : « […] Si vous agissez simplement pour le plaisir d’agir, sans attendre de récompense, vous découvrirez que vous appréciez tout ce que vous ferez. […] L’histoire de Forrest Gump en fournit un bon exemple. Il n’avait pas de grandes idées, mais il passait tout de suite à l’acte. Il était heureux parce qu’il faisait toujours de son mieux, quelle que fût son activité. […] Agir, c’est être vivant » (2005 : 78-79).
En écho à l’instant présent, on retrouve également le précepte du détachement : « Lorsque la vie vous prive soudain de quelque chose, détachez-vous-en. Lorsque vous pratiquez le renoncement et que vous vous détachez du passé, vous vous donnez la possibilité d’être pleinement vivant dans l’instant » (2005 : 80). Et ce qui est vrai du passé l’est aussi du futur : « Ne vous souciez pas du futur : gardez votre attention concentrée sur aujourd’hui et demeurez dans l’instant présent. Vivez simplement un jour à la fois. Faites toujours de votre mieux pour tenir ces accords, et bientôt tout cela deviendra facile » (2005 : 86).
En conséquence, pour faire de son mieux, il faudrait :

– Appliquer de son mieux les trois premiers accords toltèques ;
– Remplacer « Je dois faire ceci » par « Je peux faire ceci » ;
– Accepter d’être constamment perfectible et de pouvoir faire des erreurs ;
– Ne pas se blâmer et continuer à faire de son mieux ;
– Et ce qui est vrai pour soi l’est aussi pour les autres : ils font de leur mieux;
– Vivre l’instant présent, sans ressasser le passé et redouter l’avenir.

Propos conclusifs
En conclusion, l’auteur revient sur le concept central de liberté. D’abord vis-à-vis du passé et du futur qui emmurent dans la peur, la culpabilité et la frustration. Ensuite vis-à-vis des règles de « domestication » : regard des autres, normes sociales et croyances, préconstruits, qui enserrent dans des responsabilités. Enfin, l’aveuglement même de cet emprisonnement dans un moule et un rôle : « Ne plus être les victimes sans défense de ses propres émotions incongrues et du poison émotionnel d’autrui » (2005 : 95). Car « votre façon de voir le monde dépendra des émotions que vous ressentez » (2005 : 101), émotions issues de la peur (Ruiz 2004).
Pour en échapper, outre la prise de conscience, l’auteur passe en revue tour à tour trois maîtrises :

– La maîtrise de l’Attention : être conscient de qui l’on est vraiment : contrôler ses émotions et donc son propre comportement ; ne pas réprimer ses émotions, mais les réfréner, à savoir « contenir ses émotions puis les exprimer au bon moment » (2005 : 105) ;
– La maîtrise de la Transformation : se libérer de la domestication et modifier ses croyances ; ne pas juger ;
– La maîtrise de l’Intention : tendre à un amour inconditionnel.

Le tout résulterait principalement de la capacité à se défaire de ses peur (Ruiz 2004) et de devenir un guerrier de la lumière (Coelho 1998), dans le sens de celui qui entre en guerre contre le parasite de l’esprit : peur de manquer, peur de perdre, peur de souffrir (physiquement ou psychiquement), peur de vieillir, peur de mourir, peur de décevoir, peur de blesser… Pour se défaire de ses peurs, l’auteur propose soit de s’y attaquer une à une, soit d’arrêter de les alimenter, soit de s’initier à la mort (Ruiz 2005 : 106-108) : « […] Vivre chaque jour comme si c’était le dernier, comme s’il ne devait pas y avoir de lendemain » (2005 : 106).
Et au final, Don Miguel Ruiz considère le bonheur et la souffrance comme le résultat d’un choix :

« Si vous regardez votre vie, vous trouverez de nombreuses excuses pour souffrir, mais vous ne trouverez aucune bonne raison. La même chose vaut pour le bonheur. La seule raison pour laquelle vous êtes heureux est parce que vous en faites le choix. Le bonheur, tout comme la souffrance, est un choix » (Ruiz 2005 : 113).

Se référer aussi aux quatre accords toltèques

À lire en complément :
Ruiz, Don Miguel, 2010 : Pratique de la voie toltèque : maîtrisez le rêve de votre vie, Poches Jouvence.
Ruiz, Don Miguel & Ruiz, José Miguel 2020 : Le 5ème accord toltèque : la voie de la maîtrise de soi, Poches Jouvence.

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