Vivre l’impermanence selon Bouddha

par | Oct 24, 2021 | 0 commentaires

Références:

Cornette de Saint Cyr, Xavier

Vivre l’impermanence selon Bouddha : Trouver l’apaisement même quand tout est éphémère

Jouvence

2018

Résumé

À la notion d’impermanence s’articulent une série d’autres concepts, parmi lesquels les deux autres fondamentaux d’une vie sereine, mais aussi les quatre nobles vérités ou encore l’octuple sentier.
L’auteur, en introduisant l’impermanence, la présente ainsi comme un outil de résilience, comme une notion permettant de mieux supporter les souffrances inhérentes à la vie :

« Tout ce que nous avons deviendra source de souffrance quand nous le perdrons si nous ne sommes pas conscients de son impermanence. Si nous en sommes conscients, nous pouvons faire usage des choses sans qu’elles soient un fardeau. » (Ajahn Chah, cité par Cornette de Saint Cyr 2018 : 9)

Si la notion d’impermanence est souvent associée au Bouddha, objet du présent ouvrage, l’auteur observe cependant que cette notion se retrouve chez de très nombreux auteurs. Nombre de philosophes ont en effet souligné le caractère impermanent de toute chose (Bouddha, Héraclite, Démocrite, Lao Tseu, Confucius, Kant, Nietzsche), auxquels il serait encore possible d’ajouter Schopenhauer, Spinoza, Sénèque

Parallèlement à cette « déferlante » de préceptes analogues, l’auteur confronte aussi la notion d’impermanence à une critique qui lui est souvent adressée : si rien n’est permanant, alors pourquoi s’engager dans quoi que ce soit ?
Deux contre-arguments sont alors développés par l’auteur pour considérer l’impermanence de toute chose non pas comme une apologie du nihilisme, du pessimisme, du fatalisme ou de l’absurdité de la vie, mais comme un puissant outil de résilience.

Comme le bonheur, le malheur ne dure pas
L’auteur développe son premier argument en rappelant les quatre nobles vérités. L’impermanence serait à l’origine de la souffrance : « C’est notre attachement à la permanence qui nous fait souffrir » (2018 : 35) :

« Ne demande pas que ce qui arrive arrive comme tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux. » (Épictète, cité par Cornette de Saint Cyr 2018 : 40)

Dès lors, à l’instar d’un ouvrage consacré à la résilience (Tough Times Never Last, But Touch People Do !), si le bonheur ne durait pas, il en irait de même des souffrances. En d’autres termes, l’impermanence permettrait de traverser les malheurs mieux armés :

« Un […] avantage de comprendre l’impermanence […], c’est le développement de notre résilience. […] En tant qu’êtres humains, nous sommes des êtres d’émotions. Aussi, il n’est pas dit “ne pas être affecté” mais “être moins affecté”.
[…] Nous pouvons ressentir colère et tristesse. C’est normal. La différence, c’est qu’au lieu d’être embarqué durablement dans ces émotions, notre retour à l’équilibre se fait plus aisément et plus rapidement. » (2018 : 122)

L’auteur illustre tour à tour l’effet de la prise de conscience de l’impermanence sur les émotions négatives, la maladie, le vieillissement et la mort (qui ne s’oppose pas à la vie, mais à la naissance). Et c’est par cette prise de conscience que l’impermanence deviendrait outil de résilience :

« C’est que, avec le recul, hors contexte et hors émotion, notre appréhension d’un événement est tout à fait différente. C’est lors de cette prise de recul que nous prenons conscience que tout ce que nous considérons comme négatif a aussi une fin » (2018 : 85)

Ainsi, les émotions négatives passeraient, si on ne les retenait pas ; de même, les pensées négatives passeraient, si on ne les retenait pas : « Notre vie est ce que nos pensées en font » (Marc Aurèle, cité par Cornette de Saint Cyr 2018 : 40). Subséquemment, face à une maladie, il serait normal d’être triste, voire excédé : avec l’impermanence à l’esprit, on saurait aussi que ces émotions vont passer, et cela d’autant plus vite qu’on ne les nourrirait pas. Tout cela amènerait petit-à-petit à ne pas nager à contre-courant : « L’acceptation, c’est ne pas vouloir autre chose que ce qui se présente à nous » (2018 : 106).

Honorer une vie par essence éphémère
Le deuxième argument porte sur le sens de la vie. La vie serait faite de hauts de de bas, et en prenant conscience qu’il y a de la souffrance dans la vie et que toute chose est impermanente, les moments de bonheur, au caractère éphémère voire furtif, devraient être vécus pleinement, intensément et dans l’instant présent. L’impermanence amènerait ainsi à mettre des priorités sur ce qui est vraiment important :

« Réfléchissez aux différents aspects de l’impermanence sans occulter ce dernier moment afin de vivre pleinement chaque instant comme s’il était le dernier. Dès lors, nombre de vos choix paraîtront dérisoires et vous irez à l’essentiel. Ce n’est qu’ainsi que vous apprendrez le détachement et la vraie valeur des êtres, des choses, de ce que vous faites. » (XIVe Dalaï Lama, cité par Cornette de Saint Cyr 2018 : 105)

Et pour l’auteur, l’impermanence, associée à l’interdépendance universelle, conduirait finalement à la règle d’or : « Le respect du vivant, de tout le vivant, devient une évidence et, dans certains cas, une obligation ou une priorité » (2018 : 134). Car « tout bonheur en ce monde vient de l’ouverture aux autres ; toute souffrance vient de l’enfermement en soi-même » (Bouddha, cité par Cornette de Saint Cyr 2018 : 99).

En conclusion, l’auteur rappelle qu’il ne s’agit pas de sombrer dans le pessimisme, « en mettant en exergue l’inanité de tout ce que nous entreprenons » (2018 : 140), mais par la prise de conscience de l’impermanence de toute chose, de saisir les quatre nobles vérités et l’origine de la souffrance, pour en proposer des remèdes : les principes du l’octuple sentier. On pourrait ainsi vivre « dans l’apaisement et même dans la sérénité » (2018 : 11). Et de conclure que « l’impermanence, c’est le caractère transitoire de tout. Pour aboutir non pas à son anéantissement, mais à sa transformation en une autre forme » (2018 : 31).

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