Se libérer des systèmes de croyances

par | Nov 5, 2023 | 0 commentaires

Références:

Misita, Michael

Se libérer des systèmes de croyances : vers la plénitude de l’être

Jouvence

1999

Résumé

Cet ouvrage articule croyances et liberté, les unes privant de l’autre. Si l’ensemble de cet écrit invite donc à se défaire de ses croyances, l’auteur prend une précaution de départ :

« Je ne dis pas que vous devez ne croire en rien : si vos croyances vous conviennent, tant mieux. Il n’y a rien de mal à croire en quoi que ce soit. […] Ce n’est que lorsque ces jugements et ces opinions deviennent dogmatiques qu’ils ne favorisent plus la vie, mais la limitent. » (1999 : 13)

L’auteur laisse ainsi entendre qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises croyances (et d’enseignements), invitant chacun et chacune à identifier les croyances qui lui sont bonnes dans sa situation actuelle et d’y renoncer lorsqu’elles deviennent inutiles, ce qui n’est pas sans rappeler la parabole du radeau.

Se libérer de ses croyances est un processus

L’auteur rappelle avec insistance l’importance d’observer sa programmation mentale, de la modifier, pour ensuite seulement, dans une troisième étape, s’en défaire définitivement. Il s’agirait ainsi à terme de cesser d’échanger une croyance par/pour une autre, et de « transcender la croyance pour accéder à la plénitude de l’être » (1999 : 15). En d’autres termes, il faudrait in fine de se défaire de toutes ses croyances, de tous ses enseignements, de toutes ses connaissances, de toutes ses illusions, car « ces souvenirs prennent de la place et pèsent dans vos bagages ; ceux-ci deviennent de plus en plus lourds » (1999 : 69) :

« La valeur d’une expérience n’est pas le fait d’avoir acquis ces pouvoirs ; c’est la capacité de s’en libérer après l’avoir atteint. » (1999 : 70)

Pour Michael Misita, se défaire de ses systèmes de croyances ne serait donc pas une fin en soi, mais un processus libérateur, dont il donne deux exemples.
Évoquant la pensée positive, il note que « le fait de remplacer une programmation mentale négative par une positive peut aider à vivre de façon plus heureuse, plus épanouissante. Il n’y a aucun mal à cela. » (1999 : 14) :

« Les gens appréciant la pensée positive et les affirmations sont souvent des personnes qui ne se sont jamais sentis assez puissants. À ce stade de leur développement, ils font l’expérience du sentiment de puissance. Il est important de passer par cette étape pendant laquelle vous commencez à diriger consciemment la Puissance Une. » (1999 : 44)

Mais l’auteur observe aussi les risques de la pensée positive (comme de toute croyance). Ainsi, à forcer de ne vouloir voir que les bons côtés, on en viendrait à justifier tout événement à partir de cette croyance, nous enfermant dans une spirale qui pourrait devenir infernale (en mettant la tête dans le sable), en répétant inlassablement les mêmes erreurs sans en tirer de leçons. De plus, la pensée positive pourrait vite se fissurer, n’aidant « que temporairement à gérer [l’]existence » (1999 : 101).

Deuxième exemple, la question de la responsabilité. Lorsqu’il évoque la responsabilité, Michael Misita présente bien deux étapes :

« Le transfert de responsabilité est un jeu exclusivement humain. Vous n’êtes responsable que de ce que vous pouvez changer, et vous ne pouvez que vous changer vous-même. Comprendre cela est la première étape.
À un certain niveau, il est nécessaire que vous voyiez et que vous assumiez l’entière responsabilité de ce qui vous arrive, de manière à influencer toute la transformation de votre façon biaisée de voir. Ensuite, mais ensuite seulement, vous pouvez transcender la responsabilité. » (1999 : 132)

En définitive, abandonner ses croyances serait un processus continu : « C’est un processus sans fin, quelque chose que vous faites d’instant en instant. Il n’est jamais terminé » (1999 : 113).

Nos systèmes de croyances nous enferment dans nos illusions et notre fausse réalité

On touche ici au cœur de l’ouvrage, à savoir se défaire de ses croyances, qui nous priveraient de notre liberté.

Premièrement, nos croyances nous serviraient de grille de lecture et d’interprétation de la réalité. Elles nous amèneraient à sélectionner ce que l’on voit ou entend, ce qui n’est pas sans rappeler l’histoire de l’indien dans la ville. Elles fausseraient ainsi notre vision et serviraient de tamis à notre pensée.
Ainsi, nos croyances deviendraient des œillères à la pensée, nous amenant non pas seulement à sélectionner, mais à privilégier ce que l’on veut bien voir ou entendre, comme l’illustre l’histoire du ver alcoolique. Notre vue ou notre écoute sélectionneraient les éléments qui viendraient confirmer nos croyances, et écarteraient, plus ou moins consciemment, ce qui pourrait les ébranler. Et cette illusion de réalité serait d’autant plus sournoise que « toutes les croyances contiennent une portion de vérité qui donne à l’ensemble du système de croyances le sentiment d’être vrai » (1999 : 34).
Nous recourrions également à diverses stratégies afin de maintenir ces œillères : « Nous nous berçons jusqu’à l’inconscience de croyances, de rituels, de nourriture, de boisson, de sexe et d’idéaux, autant de diversions qui nous évitent de nous sentir troublés » (1999 : 38). De même, par esprit grégaire, on s’entourerait de personnes qui cultivent les mêmes croyances que nous, suivant le troupeau « pour le réconfort qu’il procure » (1999 : 124). Se libérer signifierait donc se retrouver seul, et arrêter de sélectionner ce qui nous arrange : « L’étape cruciale et la capacité d’écouter ce que vous avez besoin d’entendre, et non ce que vous voulez entendre » (1999 : 124).

Deuxièmement, nos systèmes de croyances seraient à l’origine même de la résistance. En effet, lorsque les systèmes de croyances prennent la forme de convictions, de « dogmes », nous résisterions à tout ce qui pourrait les ébranler (parfois en les évinçant), à commencer par les systèmes de croyances des autres. On aura alors la tendance de se battre pour ses croyances, que l’on considèrera comme des vérités. L’auteur, faisant référence au mythe de la caverne de Platon (voir aussi le conte des deux grenouilles dans un puit), observe que la personne sortie de la caverne s’est trouvée face à un mur à son retour : « Lorsqu’elle est revenue à l’intérieur, les autres n’ont pas cru ce qu’elle racontait car cela sortait des limites de leur connaissance et de leur expérience » (1999 : 67). Ainsi en fût-il de Copernic et Galilée, qui prétendirent que la Terre et les planètes tournaient autour du Soleil au péril de leur vie.
L’idéal serait pourtant d’admettre que chacun développe un système de croyances qui n’est qu’un simulacre de réalité, qu’une illusion, quand bien même certains systèmes de croyances seraient plus vertueux que d’autres, et que quitte à devoir choisir – jusqu’au jour où on pourrait se libérer de toute croyance – autant choisir un système de croyances plus vertueux.

Troisièmement, nos croyances conditionneraient, voire détermineraient « nos expériences, et celles-ci renforcent à leur tour nos croyances » (1999 : 19) :

« Les croyances biaisent notre compréhension. Mais elles nous tiennent chaud et nous réconfortent. Elles génèrent un sentiment de puissance et peuvent s’avérer subtilement séduisantes. » (1999 : 19)

C’est par exemple ce que les effets placebo et nocebo démontrent dans le domaine médical, et que rapporte Laurent Gounelle dans L’homme qui voulait être heureux. À ce titre, nos croyances, confortables et rassurantes, participeraient à créer notre réalité : « Je me suis rendu compte que chaque fois que l’on croit quelque chose, on le manifeste dans le monde. Toutefois, cela ne se produit pas nécessairement comme nous l’imaginons, notre croyance se réalisant en fonction des motivations qui l’animent » (1999 : 65). L’auteur livre l’exemple de ceux qui attendaient un nouveau prophète : Hitler fut un sauveur pour bien des Allemands :

« Nous avons peur de perdre nos croyances parce qu’elles nous apaisent, grâce à l’illusion de sécurité qu’elles nous procurent. Mais elles sont un obstacle à la vraie sécurité propre à la conscience de soi. […] » (1999 : 108)

Quatrièmement, « les croyances servent souvent à accroître son statut. Le fait de penser que ses croyances sont la vérité renforce l’ego » (1999 : 20), développant le besoin d’avoir raison. Les croyances auraient de plus cela de particulier qu’elles nous donneraient l’illusion de nous définir, de nous caractériser, et de nous octroyer un pouvoir qui nous offrirait la liberté :

« Aussi longtemps que nous croyons que nous sommes séparés les uns des autres, la liberté nous apparaîtra comme la possibilité de contrôler et de manipuler des autres. Il n’y a pas besoin d’avoir une conscience très élevée pour constater que nous associons d’ordinaire la liberté à l’argent et/ou au succès, qui conduisent au pouvoir, au prestige, au respect, aux yeux du monde. » (1999 : 61)

Ainsi, « lorsque les gens sont libérés de leurs croyances, ils atteignent un point où l’ego n’a plus besoin de la confirmation et de l’approbation extérieures d’eux-mêmes. […] N’ayant plus besoin d’avoir raison, ils peuvent partager ouvertement leurs idées et laisser les autres partager librement les leurs » (1999 : 91).
Michael Misita pointe par exemple du doigt les personnes qui se targuent d’avoir un haut niveau de spiritualité, y voyant là une belle expression égotique d’une forme de sentiment de supériorité fondé sur des systèmes de croyances tout aussi emprisonnant (1999 : 126). Ainsi en irait-il de la pensée positive évoquée ci-dessus. Toute croyance, même si elle élargit nos connaissances et notre conscience, même si elle peut se targuer d’être spirituellement supérieure, continuerait pourtant à nous corseter dans les limites de toute croyance :

« Malgré une spiritualité auto-proclamée (ou peut-être à cause d’elle), j’ai vu les barrières les plus résistantes à la liberté de croyances se dresser chez ceux qui se considèrent spirituels. » (1999 : 89)

Ceci expliquerait qu’on puisse par moments jouer un rôle, endosser le costume d’un personnage, tout comme ceux qui nous entourent. Et une apparente honnêteté, humilité, générosité, vertu, respectabilité, pourrait en réalité viser à « glorifier nos croyances, nos idéaux, voire nous-mêmes » (1999 : 41). Les croyances prendraient alors dangereusement les traits d’une forme de spiritualité s’affichant comme supérieure :

« Lorsque vous allez jusqu’au pôle extrême de ce que votre conscience ordinaire appelle “spirituel”, cette partie dominante de vous-même devient particulièrement trompeuse. Sa séduction réside dans sa capacité à faire en sorte que l’ordinaire apparaisse “nouveau”, inhabituel, intéressant et amusant. » (1999 : 126)

Cinquièmement, nos croyances créeraient des dépendances intellectuelles, « des habitudes avec un contenu intellectuel » (1999 : 35). Comme dans l’exemple de la tasse de thé, « si nous croyons déjà tout savoir, nous ne sommes pas capables d’observer et de savourer la fraîcheur de la vie, alors que reconnaître notre ignorance nous transporte dans l’instant présent » (1999 : 37).
C’est le cas de nos désirs, qui peu après avoir été assouvis, créent l’illusion de nouveaux désirs à même de nous combler, insatisfaits de la réalité que nous vivons :

« Nous recherchons la liberté avec un mental fragmenté par des croyances créant un monde de dualité dans lequel ni la paix, ni la liberté, ni la satisfaction ne peuvent être atteintes, car la dualité ne génère que le conflit. » (1999 : 61)

Sixièmement enfin, outre de sélectionner ce qui nous arrange et d’écarter ce qui nous dérange, et de nous enfermer ainsi dans des circuits fermés qui renforceraient nos convictions et notre ego dans une forme de dépendance, les croyances « sont les limites mentales que nous nous imposons… et ces limites peuvent être plus solides qu’aucune chaîne jamais créée » (1999 : 20), au même titre que l’histoire de l’éléphant enchaîné.
Et lorsque la réalité nous confronterait trop durement au caractère erroné de nos croyances, bien souvent, nous nous replierions sur d’autres croyances, remplaçant un système de croyances par un autre :

« La plupart des gens vivent des vies de mensonges et de conclusions erronées, s’agrippant désespérément à leurs croyances. Lorsqu’ils réalisent que ce qu’ils croient n’est peut-être pas vrai, ils effectuent fréquemment une volte-face et adoptent l’inverse de ce qu’ils croyaient jusque-là. » (1999 : 23)

Il ne s’agirait donc pas, selon l’auteur, de remplacer des croyances par d’autres, mais bien, comme indiqué plus haut, d’abandonner toute croyance.

Abandonner ses systèmes de croyances nécessite de passer par l’incertitude

Toute croyance étant illusion, il faudrait se préparer à vivre dans une forme transitoire d’incertitude liée à l’absence de repères (repères qu’offrent artificiellement les croyances), de renoncer « à la dépendance envers l’idée de dualité » (1999 : 25), de traverser « les affres de la désillusion » (1999 : 111), tel le homard qui renonce à sa carapace :

« […] La désillusion est l’une des choses les plus formidables qui puisse arriver à quelqu’un. Lorsque les gens cessent d’être complaisants et satisfaits de ce qu’ils sont, ils peuvent se voir eux-mêmes clairement – peut-être pour la toute première fois. La désillusion ouvre de nombreuses portes car lorsque nous doutons, nous remettons en question nos valeurs, nos traditions, nos idéaux, nos illusions… nos croyances. » (1999 : 111)

La désillusion et l’incertitude seraient d’autant plus difficiles à supporter que, comme le laisse entendre le homard qui renonce à sa carapace, cela suppose bien souvent de changer de groupe d’appartenance. Or, dans le cas présent, il ne s’agirait pas de remplacer tel groupe d’appartenance par tel autre, mais bien de renoncer à tout groupe d’appartenance, ce qui isole, et ce d’autant plus durement qu’on se trouve confronté à « la vieille idée selon laquelle quelque chose doit être vrai si beaucoup de gens y croient en même temps » (1999 : 112). Abandonner son esprit grégaire, se retrouver seul, sans repères, sans certitudes partagées, peut troubler et faire peur, mais « vous commencerez alors à réaliser à quel point vous avez agi de façon mécanique, et combien ce monde et tous ceux qui y vivent sont prévisibles » (1999 : 124).

Comme déjà dit, il ne s’agirait pas d’abandonner telle ou telle croyance en la remplaçant par une autre, mais bel et bien de se libérer de toute croyance :

« Je ne parle pas seulement des petites croyances – passer du manque à l’abondance, de la haine à l’amour, d’une croyance à une autre. Je parle de l’idée de ne pas se reprogrammer. » (1999 : 71)

Et cela serait d’autant plus vrai que nos croyances seraient fondées sur la peur : « Nous croyons tout simplement parce que nous avons peur » (1999 : 97). L’auteur note ainsi que bien souvent, les personnes prétendent craindre l’inconnu. Pourtant, la peur de l’inconnu serait impossible :

« Vous ne pouvez pas avoir peur de l’inconnu. Vous ne pouvez avoir peur que de ce que vous connaissez ou alors de perdre ce que vous connaissez. La peur est toujours liée au connu, jamais à l’inconnu.
Cette peur de ce que nous connaissons se fonde sur nos expériences passées. » (1999 : 97)

Il faudrait donc passer par la peur, l’insécurité, l’incertitude, pour gagner finalement en innocence : « Cet état de non-savoir représente initialement une difficulté parce que nous avons tellement l’habitude de penser que nous savons. Mais progressivement, il en résulte une merveilleuse expérience parce qu’elle est innocence » (1999 : 57).

Des outils pour se défaire de ses croyances

Au fondement même de l’abandon de ses systèmes de croyances se trouverait le concept d’acceptation, aux antipodes de la résistance : « Le monde est ainsi fait. Acceptez-le tel qu’il est et vous en êtes libre. Ce qui vous rend malheureux est votre désir que les choses et les êtres soient autres que ce qu’ils sont » (1999 : 29) :

« En réalisant et en acceptant que nous vivons dans un monde d’insécurité, nous sommes transportés en un lieu de paix qui ne dépend plus des conditions extérieures. » (1999 : 30)

Nos croyances seraient ainsi directement liées aux deux principes de résilience et de souffrances provoquées par des sentiments liés à l’incertitude (https://penser.ch/outil44/). En effet, nous aspirerions à être libres de fardeaux, de soucis, de manques, de problèmes, de situations générant de l’insécurité, nous agrippant à une croyance bien fragile et illusoire d’une forme d’éternité ou de permanence (vs impermanence).

De même, toujours en lien avec la notion de résilience, l’auteur observe que « nos décisions sont motivées par le désir de plaisirs et la peur de la douleur » (1999 : 38). En lien avec les œillères évoquées ci-dessus, nous tenterions d’éviter tout ce qui pourrait nous troubler, en lieu et place d’accepter que « le trouble n’est pourtant pas une mauvaise chose, il est même nécessaire à celui qui veut grandir car ce n’est qu’alors qu’il se pose des questions » (1999 : 38).
Cela étant dit, l’auteur ne parle pas d’un simple « trouble », mais bien d’un « bon quantique à un niveau supérieur d’énergie » : « Ce nouveau niveau d’énergie et de conscience engendre de nouvelles relations avec tous les aspects de notre existence » (1999 : 79). Pour réaliser ce « bon quantique », divers outils seraient à disposition.

Un premier outil pour se libérer de ses croyances – l’auteur propose une série d’exercices (1999 : 133-154) – serait la prise de conscience que nous pouvons faire des choix :

« Faire des choix est une étape appropriée et importante pour les gens qui sont orientés vers le passé ou vers le futur. Il leur faut un point de départ. Ils ont besoin de savoir qu’ils peuvent faire de nouveaux choix qui vont améliorer la qualité de leur vie, surtout s’ils ont l’impression que les choix faits dans le passé étaient faux. » (1999 : 44-45)

À noter cependant que l’apparente simplicité de cet outil – comme de ceux qui vont suivre – se heurte à la difficulté de sa mise en application. Nous serions en effet enlisés dans nos croyances et habitudes confortables. Le risque principal serait donc de maintenir des croyances, quitte à les remplacer par d’autres, « plus élevées », plus « spirituelles », mais de ne pas les mettre en application de manière systématique et disciplinée, tant du moins que notre « paraisse mentale et spirituelle » (1999 : 81) ne serait pas surmontée. Ainsi, on pourrait bien expérimenter le principe de bloquer nos pensées négatives et d’alimenter nos pensées positives (conformément au conte des deux loups), mais si on n’appliquait pas ces principes de manière rigoureuse et avec une constante vigilance, leurs effets seraient tous relatifs.

Un autre outil central pour se défaire de ses croyances serait l’observation des systèmes de croyances des autres, mais bien plus encore de ses propres systèmes de croyances : « Pouvons-nous nous observer sans comparaisons, sans jugements, sans condamnations ? » (1999 : 39). De manière très prosaïque, l’observation est définie comme un « processus au cours duquel on est disponible à ce qui arrive d’imprévu, sans y opposer de résistance » (1999 : 131). On retrouve ici la notion d’acceptation :

« Le jugement sépare et divise, en décidant à quelle classe ou catégorie appartient telle action. Le fait de juger compare, répartit, évalue, mais ne crée rien. Le jugement ne peut pas générer d’idées puisqu’il appartient au passé. La transformation exige une acceptation profonde de notre être tel qu’il est en ce moment, sans jugement. » (1999 : 40)

Cette acceptation se retrouve au quotidien, à l’instar des moments de colère : « Avez-vous déjà remarqué que la colère ne surgit que lorsque la vie ne va pas dans le sens où nous le voulons, ou lorsque les gens ne sont pas comme nous voudrions qu’ils soient » (1999 : 107) ? Ainsi, l’acceptation serait l’une des clés en regard d’un environnement impermanent, sur lequel nous n’aurions pas de prise : « Nous sommes confrontés à un monde constamment changeant. Ne serait-il pas plus apaisant d’accueillir le flot de la vie au lieu de nous battre contre lui ? » (1999 : 108). L’observation serait ainsi un bon outil pour transcender les « schémas d’habitude » : « Ce n’est que lorsque l’habitude cesse que le changement peut se produire » (1999 : 79).

Pourtant, l’observation elle-même serait handicapée par les croyances, qui amèneraient à s’observer soi-même par le filtre de ses propres croyances, limitant de fait l’accès à la conscience de soi :

« Si nous ne cessons d’analyser notre humeur, nos passions et nos peurs, nous restons enfermés à l’intérieur de nous-mêmes jusqu’à ce que nous développions la capacité d’observer simplement ces états, sans jugement, sans opinion. » (1999 : 107)

Le troisième outil serait donc l’acceptation. Prenant l’exemple d’un jeune homme qui présentait 80% de sentiments négatifs envers ses parents et 20% positifs, l’auteur, plutôt que de l’encourager à se concentrer sur les 20% positifs, l’auteur l’invita à « se libérer de tout sentiment » : l’élimination de toute résistance (y compris celle de la pensée positive) et l’activation du lâcher-prise et de l’acceptation du ici-maintenant permettraient ainsi de se défaire de ses croyances.

Ainsi, un quatrième outil serait de vivre l’instant présent, la liberté ne se trouvant « ni dans le passé éloigné ni dans le futur lointain » (1999 : 121). Revenant sur la peur psychologique, cette dernière serait « toujours en rapport avec le passé et le futur, jamais avec le présent » (1999 : 100). D’où l’idée de vivre l’instant présent : « Lorsque les gens transcendent leurs croyances, ils se retrouvent hors du temps dans un état où ils vivent totalement dans l’instant présent et en paix avec eux-mêmes et avec le monde environnant » (1999 : 100) :

« L’un des avantages merveilleux d’être libre des systèmes de croyances et que l’on peut simplement vivre l’instant présent sans s’y laisser piéger. » (1999 : 87)

De plus, en vivant l’instant présent, on acquerrait une acuité toute particulière : « Vous jouirez alors d’une qualité d’écoute et de vision très différente […] » (1999 : 124).

On pourrait probablement le lier à un cinquième outil, la méditation, évoquée par l’auteur (1999 : 136-141 ; 145-151) à côté d’autres pratiques, comme le yoga, les sports, les arts martiaux, ou encore le chant, la danse et la musique :

« La méditation ouvre les portes de la perception, elle permet l’intégration du corps et de l’esprit, son but étant de recentrer son attention au-delà du bruit et de la confusion du mental. » (1999 : 146)

Un sixième outil serait enfin de sortir de sa zone de confort intellectuelle. En effet, se défaire de ses croyances créerait de l’incertitude et de l’insécurité, mais « si vous n’êtes pas capable d’écouter ce dont vous avez besoin d’entendre, vous rechercherez sans cesse des endroits où découvrir ce que vous savez déjà » (1999 : 124), et vous sélectionnerez et privilégierez que ce que vous avez envie d’entendre ou de voir.

Conclusions

Les conclusions seraient nombreuses. Parmi celles-ci, on pourrait signaler :

« […] Vous ne savez rien de façon certaine. Vous ne faites que croire ce que l’on vous a dit. » (1999 : 75)

« Le savoir appartient au passé. Le futur n’est que conjectures. Quant à maintenant, il ne peut qu’être vécu. » (1999 : 56)

« La maturité spirituelle réside dans la promptitude à se détacher de tout, en réalisant qu’il ne faut renoncer à rien parce que rien ne nous appartient. » (1999 : 108)

« Comprenez bien que nous ne sommes pas là pour changer le monde, mais pour changer notre perception du monde ; c’est de là qu’émerge notre réalité. » (1999 : 53)

« Tout est équilibre. C’est vous qui êtes le problème, et non le monde autour de vous. » (1999 : 128)

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