Les peurs & les croyances

par | Jan 4, 2024 | 0 commentaires

Références:

Bourbeau, Lise

Les peurs & les croyances

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2022

Résumé

Ce petit opus tente de répondre à une série de questions liées à la peur, tout en établissant un lien quasi consubstantiel entre peurs et croyances. Il part en effet du postulat que maîtriser et modifier ses croyances seraient le meilleur remède contre ses peurs.

Certes, la peur peut parfois préserver du danger, mais « c’est surtout au moment où elle a été créée qu’elle nous a été utile » (2022 : 75). Une peur peut aussi être utile pour prendre la bonne décision : « Lorsque vous avez deux possibilités, ou plus, et que vous avez du mal à vous décider, regardez si l’un des choix est basé sur une peur quelconque. Vous saurez alors que ce n’est pas le bon choix » (2022 : 76). Dans ces cas, la peur serait bénéfique et on pourrait la remercier de s’être manifestée.

L’auteure observe cependant que, par la suite, « la peur émerge en nous quand nous nous référons à notre mémoire, c’est-à-dire à ce qui nous est déjà arrivé ou à ce que nous avons déjà entendu, vu, senti, goûté ou touché » (2022 : 31). Fort de ce lien entre passé et peurs, Lise Bourbeau arrive naturellement à la conclusion que « si vous persistez à n’utiliser que ce que vous avez appris dans le passé pour gérer votre moment présent et que vous n’expérimentez rien de nouveau, ne soyez pas surpris si peu de choses changent pour le mieux dans votre vie » (2022 : 28), conclusion qui n’est pas sans rappeler le conte de la tasse de thé.

Il s’agit dès lors de distinguer les peurs réelles des peurs irréelles : « Une peur réelle est provoquée par un danger immédiat. […] Une peur irréelle, quant à elle, est provoquée par la mémoire d’un évènement passé ou par le souvenir d’une situation donnée qui active votre imagination dans le moment présent » (2022 : 78-79).

Or, si les peurs sont fondées sur des croyances liées au passé – les mots « toujours » ou « jamais » sont d’excellents indicateurs d’une croyance active et d’une imagination qui s’affole –, alors le remède contre ces peurs serait de travailler sur ses croyances :

« Quand cette peur gagne sur vous, vous lui donnez de la nourriture et elle grossit. Quand elle ne gagne pas, c’est-à-dire lorsqu’elle n’influence pas vos actions, cette peur […] rapetisse lentement puisqu’elle n’est plus nourrie par vous. » (2022 : 35)

Cette métaphore nourricière n’est pas sans rappeler le conte des deux loups… Ainsi, les croyances néfastes – « aussitôt qu’une croyance suscite ou engendre de la peur, elle n’est pas bénéfique » (2022 : 36) – devraient être transformées ; les croyances bénéfiques devraient être nourries :

« Si seulement vous pouviez utiliser le grand pouvoir de votre imagination pour imaginer ce que vous voudriez qui vous arrive, plutôt que ce que vous ne voudriez pas ! » (2022 : 87)

À l’aune de la parabole du radeau, il s’agirait donc d’observer quelles croyances ont un impact néfaste dans l’un des registres de sa vie : relations (famille, amis), travail, santé, alimentation, biens matériels, argent, liberté… et de s’en défaire. La méthode serait selon l’auteure somme toute assez simple :

« Décidez qu’à partir de maintenant, il est préférable pour vous de croire à autre chose. Commencez par créer une nouvelle forme-pensée en vous imaginant que vous croyez le contraire. Ensuite faites des actions en fonction de cette nouvelle croyance. […] C’est ainsi qu’une nouvelle croyance se développe et que l’ancienne disparaît progressivement, faute de nourriture. » (2022 : 44)

Lise Bourbeau va plus loin, en intégrant une dimension spirituelle à sa méthode, à savoir la « foi » en l’univers :

« C’est savoir que spirituellement, il nous arrive toujours ce dont nous avons besoin et que chaque chose, chaque personne ou rencontre dans notre vie peut être une occasion de grandir.
[…] Avoir la foi, c’est croire fondamentalement qu’il nous arrivera ce que nous voulons, ce dont nous avons besoin. Avoir peur, c’est croire qu’il nous arrivera ce que nous ne voulons pas. » (2022 : 36-37)

Il en va ainsi des personnes négatives, qui peuvent aussi être bénéfiques, en vous livrant des vérités sur vous-mêmes : « Soyez conscient de leurs souffrances, de leur noirceur. Soyez conscient aussi de vos limites en réalisant que vous vous laissez encore influencer par des personnes négatives » (2022 : 107). Dans ce cas, il s’agirait de privilégier la compassion.

L’ouvrage aborde naturellement toute une série de peurs, impossible à résumer ici. On pourrait librement évoquer l’agoraphobie, la peur de l’abandon, la peur de décevoir, la peur de déplaire, la peur d’être jugé, la peur de l’échec, la peur de souffrir, la peur de la maladie (hypocondrie), la peur de dire non, la peur de la solitude, la peur de s’engager, la peur de l’inconnu, la xénophobie, etc.

D’eux d’entre elles semblent toutefois particulièrement intéressantes : la peur du succès et la peur envers ses propres croyances. Concernant la peur du succès, Lise Bourbeau explique qu’« une partie de vous croit que vous ne méritez pas le succès et que vous devez travailler énormément avant d’y avoir droit. L’autre partie, quant à elle, croit que vous pouvez effectivement l’atteindre » (2022 : 67).
Quant à la peur envers ses propres croyances, elle s’exprime souvent par l’agressivité lors des dialogues : « Quand nous savons que c’est ce qui est bon pour nous, nous acceptons finalement que les autres ne pensent pas comme nous et cela, sans nous sentir menacés » (2022 : 119). L’auteure présente un exemple édifiant :

« Une personne croit, après en avoir entendu parler, qu’il est mieux pour sa santé de ne pas manger de viande. Elle croit peut-être aussi que c’est une façon de devenir plus spirituelle. Quand cette personne rencontre quelqu’un qui lui dit croire au contraire, c’est-à-dire qu’il est mieux de manger de la viande car c’est le meilleur moyen d’avoir suffisamment de protéines, elle aura du mal à rester calme et à laisser l’autre parler. Les deux, parce que ce sont des croyances qui les motivent, tenteront de se convaincre mutuellement.
Par contre, si la même personne sait au plus profond d’elle-même que la viande n’est pas bénéfique pour elle, elle n’aura aucune difficulté à accepter que l’autre ne pense pas comme elle. Elle pourra même se souvenir qu’un jour, elle a cru elle aussi que la viande était bonne. Elle ne jugera pas celui qui mange encore de la viande.
Comme vous le voyez par cet exemple, le fait de croire peut engendrer des peurs tandis que le fait d’avoir la certitude en soi, ou de savoir ou d’avoir la foi, n’engendre aucune peur. » (2022 : 119)

Pour Lise Bourbeau, le plus urgent serait donc de se débarrasser de ses peurs fondées sur des croyances ; en d’autres termes, de se débarrasser des croyances nocives. Elle conclut son livret avec un rappel du mode opératoire pour s’en débarrasser (2022 : 117-118), avec pour première étape, la plus importante, l’acceptation de ses peurs irréelles. En ce sens, l’auteure livre une belle image de ces peurs-croyances :

« Croire à une peur est aussi ridicule que de croire que vous êtes votre ombre. Vous pouvez constater que votre corps projette une ombre, mais cet ombre n’est pas vous. Il en va de même pour une peur. » (2022 : 94) 

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