Tough Times Never Last, But Tough People Do !

Références:
Schuller, Robert H.
Tough Times Never Last, But Touch People Do !
Bantam Books
1983
Résumé
Évitant de tomber dans les travers de la facilité ou du dogmatisme, R. H. Schuller, pasteur américain, ouvre sa réflexion en présentant des personnes sorties renforcées à l’issue grandes difficultés : « Great people are ordinary people with extraordinary amounts of determination [Les personnes étonnantes sont des personnes ordinaires avec un niveau de détermination extraordinaire] » (1983 : 24). L’auteur attire ainsi l’attention sur un risque majeure en période de « crise », le découragement : « The most dangerous thing in the world is to make an irreversible negative decision during a brownout time. […] Never cut a dead tree down in the wintertime [La chose la plus dangereuse au monde est de prendre une décision négative irréversible pendant une période sombre. […] N’abattez jamais un arbre mort en hiver] » (1983 : 179). S’il ne fallait donc retenir qu’une leçon de cet ouvrage, ce serait que les « brownouts do not have to be burnouts [une perte de motivation passagère ne doit pas se transformer en dépression] » (1983 : 179).
Outre leur ténacité, ces personnes ont su sublimer leurs problèmes par des idées innovantes, qui répondaient à 4 qualités :
– Elles répondaient à un besoin
– Elles étaient positives
– Elles étaient originales ; elles se différenciaient de la concurrence
– Elles étaient de qualité
Pour sortir victorieux d’une période sombre, voire d’une situation insoluble, R. H. Schuller propose alors une méthodologie en 3 étapes.
I. Placer le problème dans sa réelle perspective
Pour réaliser cette 1ère étape, il faut s’en tenir à 6 principes :
1. Tout être humain a des problèmes
L’impermanence étant la règle absolue, plus nous avons de réussite, et plus nous accumulons de problèmes : « […] Success doesn’t eliminate problems, it creates new ones [Les succès n’élimine pas les problèmes, il en crée de nouveaux] » (1983 : 58). Les hauts et les bas sont donc dans l’ordre des choses (voir Peaks and Valleys).
2. Tout problème a un impact limité
Tout problème à une durée et un champ d’action limités pour autant qu’on ne s’y enferme pas (à l’instar du personnage de Hem dans Qui a piqué mon fromage ?). Dès lors, la question à se poser est de savoir quel impact un événement aura objectivement sur notre vie dans 5 ans. Bien des problèmes s’estompent par ce simple test.
3. Tout problème recèle des opportunités
Là où certains voient des problèmes (pensée négative), d’autres y voient des opportunités (pensée positive) : « Every problem contains secret ingredients of some creative potential either for yourself or someone else [Tout problème renferme les ingrédients secrets d’un certain potentiel créatif pour soi-même ou pour quelqu’un d’autre] » (1983 : 65).
4. Tout problème est une opportunité de changement
On peut appréhender un problème comme une opportunité d’apprendre et de changer : « Never let a problem become an excuse [Ne laissez jamais un problème devenir une excuse] » (1983 : 67). Mais pour cela, il faut être doté de résilience.
5. On est seul à déterminer l’impact qu’un problème a sur soi
Il faut savoir accueillir les problèmes hors de nos zones d’influence ou d’autonomie. Si on ne peut pas anticiper ou prévoir tous les problèmes, on peut en revanche choisir la manière dont ces derniers nous affectent et les réponses qu’on veut leur donner : « You may not be able to control the times, but you can compose your response [Vous ne pouvez pas contrôler les événements, mais vous pouvez choisir votre réponse] » (1983 : 66)
6. Il y a une réaction négative et positive à chaque problème
Avoir une réaction positive, c’est tenir bon plutôt qu’abandonner, c’est affronter plutôt que fuir, c’est agir plutôt que faire l’autruche. Et parfois, il est préférable de s’éloigner plutôt que de s’entêter, de s’incliner plutôt que de résister, pour finalement gagner la paix (Stemmer 2019 : 9) : « Lord, give me the guidance to know when to hold on and when to let go and the grace to make the right decision with dignity [Seigneur, donne-moi l’orientation pour savoir quand tenir bon et quand renoncer et la sagesse de prendre la bonne décision avec dignité] » (1983 : 237). On en revient à la 1ère étape : placer le problème dans sa réelle perspective.
In fine, ce qui compte, c’est moins ce que vous faites que l’état d’esprit dans lequel vous le faites. R. Schuller établit ainsi une échelle de l’état d’esprit (1983 : 86), qui va de la triste apathie (1) à l’enthousiasme inaltérable (10). De même, il invite à être attentif aux mots que l’on choisit : « Positive words provoke positive results [Des mots positifs provoquent des résultats positifs] » (1983 : 193).
II. Comportements à privilégier face à un problème
La 2ème étape pour sortir victorieux d’une période sombre s’articule principalement autour de 7 principes :
1. Ni sous-estimer un problème (quel impact aura-t-il dans 5 ans ?), ni l’exagérer.
2. Ne pas attendre pour résoudre le problème.
3. Ne pas laisser quelqu’un d’autre s’en charger à sa place.
4. Ne pas aggraver le problème en en attribuant la responsabilité à quelqu’un d’autre : « Nobody is defeated until he starts blaming somebody else [Personne n’a perdu jusqu’à ce qu’il commence à blâmer quelqu’un d’autre] » (1983 : 77).
5. Chercher les opportunités.
6. Passer à l’action, selon un calendrier déterminé.
7. Si nécessaire, chercher de l’aide et des conseils.
III. Cultiver une idée et sublimer le problème
La 3ème étape consiste à maintenir une attitude positive, c’est-à-dire créative. Définissant la pensée positive comme le management des idées, R. H. Schuller décline les 10 commandements à même d’évaluer l’à-propos d’une idée.
Et pour trouver la bonne idée, rien de mieux que le jeu des possibles, qui consiste, face à un problème, à poser sur papier 10 solutions envisageables, puis d’y aller par élimination. Et comme il s’agit d’un « jeu » (qui peut être joué à plusieurs, à condition de respecter les règles du brainstorming), on se sent plus libre : « When you adopt the attitude that it’s only a game, emotionally you are free [Lorsque vous adoptez une attitude ludique (considérez la résolution du problème comme un jeu), vous êtes émotionnellement libre] » (1983 : 140).
Lorsque l’idée est débusquée, il s’agit de la mettre en œuvre : retenir la bonne idée (ne pas y renoncer par manque de confiance en soi) ; vérifier qu’elle n’est pas en contradiction avec ses propres valeurs ; déclarer publiquement son engagement dans ce projet Un bel exemple nous est livré par Jean-François Tual dans Le froid m’a sauvé, p. 15, en publiant ses engagements sur Facebook) ; continuer à y croire lorsqu’on rencontre des difficultés (ne pas abandonner) ; réussir…
Et pour cela, il faut une fois encore garder son enthousiasme : « The terrible danger in tough times is that we lose our emotional power to remain enthusiastic and creative [Le plus grand danger en période difficile, c’est de perdre notre capacité émotionnelle à rester enthousiaste et créatif » (1983 : 174). S’il est normal, face à l’adversité, d’avoir des moments de doutes et de découragements, on doit se donner les moyens de les dépasser rapidement. Pour cela, R. Schuller présente la « méthode » RENEW [se renouveler] :
R : Réviser son passé, essayer de comprendre ce qui s’est passé, et en tirer des leçons pour l’avenir.
E : Examiner toutes les solutions.
N : Fixer le prix que l’on ait prêt à payer.
E : Élire la meilleure solution, quel qu’en soit le prix.
W : Continuer à travailler tout en sachant patienter.
Freins à affronter, obstacles à surmonter
Des obstacles se dresserons à coup sûr sur le chemin de la réussite. Ainsi, « It’s amazing how people sit in a deliberating meeting and respond to an opportunity only by finding fault with it [c’est incroyable de voir comment les gens se positionnent lors d’une réunion d’évaluation et ne réagissent face à une opportunité qu’en lui trouvant des défauts] » (1983 : 113). Et les freins seront nombreux, face auxquels il faudra là aussi rester tenace :
– causes externes (comme un manque d’argent),
– attitude négative d’autres personnes, de concurrents, voire d’ennemis,
– idées reçues, y compris sur soi-même,
– frustration et démotivation,
– idées farfelues,
– peurs,
– surcharge de travail (voir la méthode GTD),
– fausses excuses,
– événements contraires,
– urgences qui font perdre l’objectif et les priorités,
– conseils amicaux,
– souvenirs de ses échecs passés et surtout s’amalgamant à ces échecs,
– …
Conclusion
En somme, le risque est grand, dans les périodes sombres, de perdre son optimisme et de se représenter un futur morose : « In difficult times, people too often lose the ability to face the future optimistically. They begin to think about their tomorrows negatively [Dans les moments difficiles, les gens perdent trop souvent la capacité d’affronter l’avenir avec optimisme. Ils commencent à penser négativement à leur futur] » (1983 : 185). Et cet esprit négatif place des œillères qui empêchent d’être créatif.
Or, les deux principes qui traversent l’ouvrage sont aux antipodes de ces réactions improductives : rester ouvert aux potentialités et ne jamais écarter une idée, même si elle semble impossible. La boucle est bouclée : ténacité et créativité sont les maîtres mots de la résilience, qui permet de sublimer les problèmes, pour en sortir grandit plutôt que détruit.
À lire aussi :
Everly, George & Strouse, Douglas, 2009 : The Secrets of Resilient Leadership, Diamedica.
Pépin, Charles, 2018 : Les Vertus de l’échec, Pocket.
Traductions libres réalisées par Penser.ch.
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