L’âme du monde

Références:
Lenoir, Frédéric
L’âme du monde
2012
Résumé
Dans ce best-seller, Frédéric Lenoir réunit huit sages dans le monastère reculé de Toulanka :
-
- le rabbin Salomon,
- la chamane mongole Ansya,
- le moine catholique Pedro,
- la mystique hindoue Ma Ananda,
- le maître taoïste Kong,
- le Cheik musulman Youssuf,
- la philosophe Gabrielle, accompagnée de sa fille , Natina,
- et le Lama Dorjé, au service d’un jeune lama : Tenzin.
Dans ce monastère aux confins du Tibet, ces huit sages acquièrent très vite la conviction qu’une forme de cataclysme imminent va gommer une grande partie de la vie sur terre, et qu’ils ont été « élus » pour synthétiser la « sagesse universelle » à transmettre aux deux enfants : Natina et Tenzin.
À l’aune de la parabole de l’éléphant et des aveugles, ce n’est qu’au travers du truchement de ces huit traditions qu’il sera possible aux huit sages de transmettre les « sept points principaux qui résument l’essentiel de la sagesse humaine » (2012 : 45), les sept sagesses humaines.
1. Déterminer la vocation de sa vie
Ce chapitre invite à se demander quel est le sens de sa propre vie, sa « vocation » : « Comment devenir pleinement moi-même et être utile aux autres ? Comment réussir ma vie afin qu’à l’instant de ma mort je puisse partir en paix et regarder derrière moi le cœur serein ? » (2012 : 50). Dépassant la dichotomie entre richesse de l’âme versus richesses matérielles, cette première sagesse souligne que « l’essentiel de ce bonheur ne relève pas de ses possessions, mais de la paix de l’âme » (2012 :55). Ainsi, par le biais de l’histoire d’un simple pêcheur, il est rappelé que « le contentement apporte le bonheur, même dans la pauvreté. L’insatisfaction apporte le malheur, même dans la richesse. […] “Le bonheur, c’est de continuer de désirer ce que l’on possède déjà” » (2012 : 56). Sans juger la richesse comme étant bien ou mal, le bonheur fondé sur des biens extérieurs serait fragile pour différentes raisons :
– On ne parvient jamais à obtenir tout ce que l’on désire, tout ce que l’on convoite, ce qui mène à une insatisfaction perpétuelle, telle un cercle vicieux.
– Ces biens étant impermanents, ils peuvent être perdus à tout instant et, sans détachement, enferment donc dans la peur de leur perte.
En conséquence, cette première sagesse peut être résumée ainsi : « […] Le bonheur et le malheur sont à l’intérieur de nous, et non dans les choses ou les événements extérieurs » (2012 : 58) :
La grande ambition qui doit guider ta vie, c’est de développer le meilleur de toi-même. C’est de te transformer pour atteindre un état intérieur de paix, de joie, de sérénité que rien ni personne – pas même la mort – ne pourra t’enlever. (2012 : 59)
2. Équilibrer corps, psychisme et esprit
Fondée sur la métaphore d’un « précieux attelage composé de deux chevaux et d’un cocher » (2012 : 61), à savoir le corps physique et le corps psychique (émotionnel) conduits par l’esprit (l’âme spirituelle), l’idée de cette deuxième sagesse est qu’il faut développer et prendre soin de ces trois dimensions :
– Le corps physique : prendre soin de son corps par des exercices (yoga, course à pied…), le repos, une alimentation équilibrée, une respiration consciente…
– Le corps psychique et émotionnel : travail introspectif pour apprendre à gérer ses émotions, notamment au regard de ses blessures d’enfance.
– L’esprit (âme spirituelle) : lectures, ressourcements, relations humaines bienveillantes, permettent notamment d’exprimer sa vocation.
3. Se libérer en se connaissant soi-même
Esclave de soi-même :
– de ses préjugés,
– de ses pensées limitantes,
– de ses croyances,
– de sa représentation binaire du monde, de sa vision étriquée et négative du monde,
– de ses émotions,
– de ses pulsions et addictions,
– de son attachement aux biens matériels et à son égo notamment,
– de sa dépendance au regard des autres,
, se libérer passe d’abord par la connaissance de soi.
4. Cultiver un amour universel
« L’amour permet le dépassement de soi, de l’intérêt égoïste des êtres, pour les relier entre eux » (2012 : 85). Cet amour dépasse les relations parents/enfants, de couple et d’amitié, pour un amour universel fondé sur l’altruisme :
L’amour nous apprend à pardonner plutôt qu’à nous venger, à consoler plutôt qu’à être consolé, à partager plutôt qu’à accumuler, à donner plutôt qu’à recevoir, à comprendre plutôt qu’à juger. (2012 : 91)
5. Cultiver ses qualités et gommer ses défauts
Pour atteindre une forme de sagesse, il faudrait discerner ce qui est bon de ce qui est mauvais, pour développer le premier et éliminer le second, à l’image des deux loups dans son esprit ou de son jardin à cultiver tout en enlevant les mauvaises herbes.
À cultiver | À chasser |
Émerveillement enfantin
|
Indifférence, insensibilité |
Effort avec persévérance, puis repos | Paresse |
Douceur, colère maîtrisée | Violence, insulte, colère non maîtrisée |
Bonne humeur et humour | Perfectionnisme et négativité |
Confiance, courage et prudence | Peur et doutes |
Générosité et partage | Égoïsme et avarice |
Écoute bienveillante | Jugement |
Vérité | Mensonge |
Souplesse | Rigidité |
Se battre contre l’injustice humaine | Accepter l’« injustice » humaine |
Humilité et respect | Orgueil, mépris et domination |
Contentement, sobriété et tempérance | Convoitise, accumulation & excès |
Pardon | Vengeance |
Enfin, il s’agit de cultiver la tolérance, car même au regard des éléments ci-dessus, « le monde est divers, les sensibilités sont variées et ce qui est bon pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre » (2012 : 105).
6. Veiller à la qualité de sa présence au monde
Cette sixième sagesse encourage à l’équanimité, à savoir « une distance sereine face aux événements de la vie, agréables ou douloureux » (2012 : 110), « un juste équilibre entre attachement et détachement » (2012 : 110) :
Celui qui parvient à cette équanimité est le plus libre des hommes. Rien ne peut atteindre sa sérénité. Il pourra certes ressentir tristesse et colère, plaisir et déplaisir, crainte et espoir, mais plus rien ne troublera le fond de son âme, qui demeure dans la paix. (2012 : 100-111)
Cette paix peut être cultivée par la solitude, le silence, le recueillement, la méditation… Ces derniers, en écho avec la cinquième sagesse, permettent de mieux maîtriser ses pensées, ses paroles et ses actes. Cependant, pour y parvenir, il faudrait maîtriser son attention, être présent à ce que l’on pense, dit et fait.
7. Vivre dans l’acceptation https://penser.ch/conte2/
La dernière sagesse consiste à accepter le réel, tout en cherchant à améliorer un défaut de caractère, un problème de santé, ou encore à se battre contre une injustice humaine. Mais l’acceptation serait un formidable outil de résilience, renforcé encore par le non-jugement : « […] Tout événement qui nous apparaît défavorable porte de manière cachée un sens profond qui peut nous être bénéfique » (2012 : 125). Plus encore, le monde est perçu à travers le prisme de ses croyances : « Dans chaque être et chaque instant, heureux ou douloureux, facile ou difficile, nous ne voyons jamais que notre seule image » (2012 : 122), le bonheur et le malheur étant à l’intérieur de soi :
Nous ne pouvons pas nous libérer du monde, mais nous pouvons nous libérer de notre monde : la prison de nos croyances et de notre ego. (2012 : 127)
L’obstacle au bonheur serait ainsi moins la réalité que la représentation que nous en avons.
Conclusion
Une personne atteint sa sérénité lorsque « l’amour devient l’unique force qui meut sa vie. La crainte a disparu. L’espoir et le temps n’existent plus. Il vit dans l’éternel instant de ce qui est » (2012 : 128).
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